Reporters sans frontières demande aux autorités de faire cesser les arrestations et les enlèvements de journalistes

Les arrestations et les disparitions de journalistes ont progressé de façon très inquiétante au cours des dernières semaines. Depuis l'annonce de la fin du cessez-le-feu par le Parti communiste népalais (CNP-Maoïstes), le 27 août 2003, les journalistes sont les cibles de nombreuses violences tant de la part des rebelles que des forces de sécurité gouvernementales. Récemment, ces dernières se sont montrées particulièrement violentes à l'égard des journalistes, menaçant leur sécurité et leur vie. C'est la circulation de l'information et la liberté de la presse dans son ensemble qui est ainsi mise en péril. Reporters sans frontières demande au gouvernement népalais de faire cesser les assassinats et les enlèvements de journalistes. "En période de conflit, les journalistes sont protégés par la quatrième convention de Genève de 1949 au même titre que les populations civiles. Les détentions arbitraires et les assassinats de journalistes constituent de graves violations du droit international humanitaire", a écrit Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation, dans une lettre adressée au Premier ministre, Surya Bahadur Thapa. Binod Sajana Chaudhary, de l'hebdomadaire Nepalgunj Express dans le district de Kailali (ouest du pays) et ancien journaliste de l'hebdomadaire Janadesh, a été tué le 27 septembre. Les rebelles maoïstes accusent les forces de sécurité d'être responsables de ce meurtre. Le quotidien Nepal Samacharpatra cite des sources maoïstes selon lesquelles le journaliste a été abattu par des membres des forces de sécurité en civil après avoir montré sa carte d'identité. Il se rendait à Kegaun afin de collecter des informations. Selon ces mêmes sources, il n'était pas armé. Des responsables locaux des forces de sécurité ont affirmé à la presse que le journaliste avait été tué lors d'un affrontement armé. Neuf journalistes sont incarcérés ou portés disparus. Ainsi, Purna Biram, poète et journaliste pour les mensuels Mulyankan et Dishabodh, et pour l'hebdomadaire promaoïste aujourd'hui disparu Janadesh, a été arrêté à Katmandou le 29 août. Il lisait des poèmes lors d'une manifestation lorsqu'il a été enlevé par les forces de sécurité qui continuent à nier leur responsabilité dans son arrestation. Prem Nath Joshi, de l'hebdomadaire Jana Dristi et du Shangrila Voice a été arrêté le 13 septembre. Madhav Pokhrel, participant à l'hebdomadaire Hank a été arrêté le 2 octobre à Katmandou alors qu'il se trouvait dans sa librairie. Il est suspecté d'être proche d'un parti de gauche, le Janamorcha Nepal. Sunbindra Budhamagar, éditeur de la revue mensuelle Nishal, a été arrêté le 11 octobre, suite à la parution d'un article intitulé "Deux règnes, deux armées", qui aurait déplu aux autorités. Les locaux qui abritaient le matériel d'imprimerie de la revue ont été saccagés. Hari Regmi, photo reporter freelance, a été arrêté le 16 octobre à Katmandou. Il se trouvait dans son studio photo du quartier de Balaju lorsque trois membres des forces de sécurité l'ont enlevé. Raju Chhetri, directeur exécutif de l'hebdomadaire Rastriya Swaviman, a été arrêté le 18 octobre dans le village de Pumdibhumdi près de Pokhara. Réputé pour être proche des maoïstes, il était entré dans la clandestinité en juillet lors de l'échec de la troisième série de négociations. Il avait déjà été arrêté avant la rupture du cessez-le-feu. Le 19 octobre, Baikuntha Bhandari, directeur adjoint du mensuel Nepal Today, a été enlevé par un groupe de personnes non identifiées alors qu'il se trouvait à son domicile, dans le quartier de Dhumbahari, à Katmadou. Le même jour, Keshab Ghimire, directeur du Blast Daily a été attaqué et blessé par un groupe d'inconnus, à Dharan (est du pays). Le 24 octobre, Yogesh Rawal, journaliste au quotidien Rajdhani, a été arrêté par un groupe d'une vingtaine d'hommes appartenant aux forces de sécurité. Agé de vingt-six ans, le journaliste a été enlevé à Tikapur, dans l'ouest du pays. Par ailleurs, de nombreux journalistes ont été arrêtés puis relâchés après avoir été détenus pour des durées variables. Certains ont été interrogés et brutalisés par les forces de sécurités gouvernementales. Entre la fin du mois d'août et octobre, une dizaine de journalistes ont connu la détention : Bal Kumar Khadka, de l'hebdomadaire Khulla Pratispardha, Ram Hari Chaulagain, de l'hebdomadaire Sanghu, Nilkantha Tiwari, Subhashankar Kandel, directeur de l'hebdomadaire Jana Dharana, et membre de la rédaction d'une chaîne de télévision privée récemment inaugurée à Katmandou (Image Metro Channel), Pushkal Dhakal, membre de la Fédération des journalistes népalais (FNJ), Sitaram Baral, directeur adjoint de l'hebdomadaire Janaastha, Nawaraj Pahadi, ancien président de la Fédération des journalistes népalais (FNJ) dans le district de Lamjung (ouest du pays), et collaborateur du quotidien national Rajdhani, Chandrakanta Paudel, journaliste du quotidien Samadhan Daily, Navin Vivas, également appelé Kiran Usa Pun, journaliste free-lance et poète, Roshan Karki, correspondant du quotidien Spacetime dans le district de Sindhupalchowk (nord-est de Katmadou). Après l'assassinat par des maoïstes le 7 septembre, de Gyanendra Khadka, journaliste pour l'agence de presse gouvernementale Rastriya Samachar Samiti, Reporters sans frontières a une première fois demandé aux autorités et au Parti communiste népalais de faire cesser les menaces sur les journalistes et les entraves à la liberté de la presse. Selon la Fédération des journalistes népalais (FNJ), quarante-deux journalistes ont été emprisonnés depuis la fin du cessez-le-feu, deux ont été poursuivis en justice, trois ont disparu et cinq ont été torturés par les forces de sécurité.
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Updated on 20.01.2016