Reporters sans frontières demande au ministre français des Affaires étrangères de plaider auprès des autorités algériennes en faveur de la liberté de la presse

A l'occasion de sa visite en Algérie, le 13 juillet 2004, Reporters sans frontières a souhaité attirer l'attention du ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier, sur la très sérieuse dégradation de la situation de la liberté de la presse dans ce pays. Par ailleurs, Reporters sans frontières condamne l'aggravation en appel de la peine de prison du journaliste algérien Hafnaoui Ghoul, correspondant local du journal El-Youm à Djelfa (270 km au sud d'Alger), emprisonné depuis le 24 mai 2004. La peine de deux mois, infligée le 9 juin, vient d'être été portée, le 11 juillet, à trois mois d'emprisonnement, par la cour d'appel de Djelfa. « Depuis la dernière élection présidentielle, qui a vu en avril la victoire du président Adbelaziz Bouteflika, nous assistons à une dérive autoritaire du pouvoir visant à mettre au pas la presse privée algérienne », a écrit l'organisation avant de poursuivre : « A l'heure actuelle, pas moins de quatre journalistes sont emprisonnés en Algérie, dont trois ont été condamnés pour des délits de presse ». L'organisation a demandé à Michel Barnier d'aborder ces questions essentielles lors de ses entretiens avec le président Adbelaziz Bouteflika et son homologue M. Abdelaziz Belkhadem, et d'encourager les autorités algériennes à «  mettre un terme à cette escalade de la répression contre la presse. » « En outre, des réformes législatives sont indispensables, notamment de l'article 144 bis du code pénal, afin que les journalistes algériens ne soient pas contraints à l'autocensure. », a souligné Reporters sans frontières dans sa lettre au ministre français des Affaires étrangères. Le 26 mai 2004, au terme d'un procès expéditif, le correspondant du quotidien El-Youm à Djelfa, Hafnaoui Ghoul, également historien et responsable du bureau régional de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADDH), a été condamné pour diffamation à une peine de six mois de prison ferme. En résidence surveillée depuis plus d'un an, il subissait de fortes pressions des services de sécurité pour avoir révélé un scandale à l'hôpital de Djelfa et différents abus de pouvoir du préfet local. Hafnaoui Ghoul a été condamné dans une autre affaire, le 9 juin, à deux mois de prison et à une amende de 300 000 dinars (environ 3 500 euros). Puis le 23 juin, il a été condamné dans une troisième affaire à deux mois de prison ferme. Ses avocats ont fait appel de ce jugement mais la date du procès n'a pas encore été fixée. Au total, une quinzaine de plaintes pour diffamation auraient été déposées à son encontre, par les autorités locales et différentes administrations algériennes. Le 14 juin, Mohammed Benchicou, directeur du quotidien Le Matin, a été condamné à deux ans de prison ferme ainsi qu'à une amende de 20 millions de dinars (environ 230 000 euros) pour " infraction au contrôle des changes ". En février 2004, Mohammed Benchicou avait publié un pamphlet intitulé " Bouteflika, une imposture algérienne ". Le 3 juillet, Ahmed Benaoum, directeur du groupe de presse Er-raï El Aam, et Ahmed Oukili, directeur du journal Erraï, ont été condamnés à deux mois de prison ferme par un tribunal d'Oran pour "outrage à corps constitué". La plainte contre les deux journalistes avait été déposée par le directeur général de la sûreté nationale suite à la publication d'articles mettant en cause "la gestion du chef de la sûreté de la Wilaya (préfecture) d'Oran".
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Updated on 20.01.2016