Reporters sans frontières demande à la Commission des droits de l'homme de sanctionner l'Iran
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« Après 19 ans de condamnations successives, l'Iran passe depuis 2001 entre les mailles du filet de la Commission des droits de l'homme (CDH), sous prétexte que l'Union européenne a engagé un dialogue avec Téhéran. Pendant ce temps, les atteintes à l'intégrité des journalistes et à la liberté d'expression continuent. Il est primordial que la CDH applique des sanctions contre l'Iran sans attendre. La CDH doit défendre les journalistes qui sont censurés, menacés, détenus arbitrairement, maltraités et parfois torturés en Iran pour avoir exercé leur métier », a déclaré Reporters sans frontières.
Des membres des familles de certains journalistes iraniens réprimés manifesteront le 15 mars à Genève pour demander justice. Cela fait trois ans qu'ils ont porté plainte devant les instances judiciaires internationales sans résultat. Ainsi, les familles des journalistes Darioush et Parvaneh Forouhar, Mohammad Mokhtari, Mohammad Jafar Pouyandeh, Pirouz Davani et de Me Zarafshan, avocat défenseur des droits de l'homme, seront présents. Reporters sans frontières soutient ces familles dans leurs revendications légitimes.
Depuis la dernière session de la CDH en mars 2004, plus d'une dizaine de titres ont été suspendus de manière temporaire ou définitive et au moins une soixantaine de professionnels de l'information ont été convoqués par les autorités. Plusieurs de ces journalistes ont été victimes de la « torture blanche » pendant leur détention. Ils sont placés en isolement total dans des cellules individuelles pendant plusieurs mois, puis sont soumis à des interrogatoires pendant lesquels ils peuvent être frappés sur la plante des pieds avec des câbles. Avec 13 journalistes et webloggers derrière les barreaux, l'Iran est aujourd'hui la plus grande prison du Moyen-Orient pour l'information.
En 2002, l'Iran avait accepté d'accueillir des groupes de travail des Nations unies. Mais jusqu'à aujourd'hui, seulement deux d'entre eux ont pu s'y rendre. Un groupe de travail sur la détention arbitraire a visité l'Iran du 15 au 27 février 2003 tandis qu'un autre travaillant sur la liberté d'expression s'y est rendu du 4 au 10 novembre 2004. Les rapporteurs de ces deux groupes ont constaté « une détérioration de la situation de la liberté d'expression en Iran, avec un nombre croissant de journaux fermés, de journalistes emprisonnés, souvent au-delà de la détention provisoire légale. La répression systématique de toute opinion critique à l'égard des institutions politiques ou religieuses du régime instaure un climat de peur qui mène à l'autocensure et notamment les rapporteurs ont observé des procédures arbitraires mises en œuvre par des institutions judiciaires, qui bafouent les droits les plus élémentaires des accusés, jugés en l'absence d'avocat, lors de procès à huis clos. » Ils témoignent « des très dures conditions de détention, notamment de longues périodes en cellule d'isolement, assimilables à des pratiques de torture. »
Deux ans après la publication des rapports des groupes de travail, aucune mesure n'a été prise.
Publié le
Updated on
20.01.2016