Reporters sans frontières demande à Jacques Chirac d'intervenir auprès du président Hosni Moubarak en faveur de la liberté de la presse

A l'occasion de la visite d'Etat du président égyptien Hosni Moubarak en France, le 15 avril 2007, Reporters sans frontières a demandé à Jacques Chirac d'intercéder en faveur du blogueur Abdel Kareem Nabil Suleiman (“Kareem Ameer”) et du journaliste Abd al-Munim Gamal al Din Abd al Munim, actuellement emprisonnés. “Souvenez-vous, suite à votre arrivée au pouvoir, M. Moubarak fut le premier chef d'Etat étranger que vous aviez reçu à l'Elysée, le 28 décembre 1995. À cette occasion, vous aviez souligné l'importance de l'Egypte comme pays clé du monde arabe, de par sa population, son histoire et sa culture. Aujourd'hui, ce pays est l'un des principaux partenaires économiques de la France dans la région. Cette coopération, Monsieur le Président, doit impérativement s'accompagner de discussions sur les réformes démocratiques qui peinent à être mises en place par manque de volonté politique. L'Egypte n'hésite pas à emprisonner des journalistes et des cyberdissidents, et à censurer leurs écrits pour museler la presse, et l'Internet pour lequel le président Moubarak fait preuve d'un autoritarisme particulièrement inquiétant”, a écrit l'organisation dans son courrier. “L'Egypte de Monsieur Hosni Moubarak bafoue continuellement la liberté de la presse en réduisant au silence les voix indépendantes. Le président refuse de réformer le code de la presse et d'accorder plus de garanties aux professionnels des médias dont le travail est fragilisé par ce texte liberticide qui comprend 35 délits de presse passibles de peines de prison. Les journalistes égyptiens risquent notamment jusqu'à cinq ans de prison pour la "publication de fausses informations", la "diffamation" du Président ou de chefs d'Etat étrangers, ou encore pour toute "atteinte aux institutions nationales" telles que le Parlement ou l'armée”, a ajouté Reporters sans frontières . L'organisation a rappelé au chef de l'Etat français qu'Abdel Kareem Nabil Suleiman, plus connu sous le nom de plume "Kareem Amer", a été arrêté, le 6 novembre 2006, pour des articles publiés sur son blog (www.karam903.blogspot.com), où il dénonçait régulièrement les dérives autoritaires du gouvernement et critiquait les plus hautes institutions religieuses du pays, en particulier l'université sunnite Al-Azhar, dans laquelle il étudiait le droit. Le blogueur a été condamné, le 22 février 2007, à trois ans de prison pour avoir "incité à la haine de l'islam" et à un an pour avoir "insulté" le président égyptien. Reporters sans frontières s'est également dite très inquiète quant au sort d'Abd al-Munim Gamal al Din Abd al Munim, journaliste pour le bihebdomadaire pro-islamiste Al-Shaab, organe du Parti du Travail (Hizb al-Amal), arrêté par des agents du Service des renseignements de la sûreté de l'Etat (SSI) à son domicile en 1993. Jugé successivement en 1993 dans l'affaire connue sous le nom de Talia al Fatah (mouvement islamiste) et en février 1999 pour l'affaire des "expulsés d'Albanie", il a été acquitté dans ces deux affaires. Mais les autorités égyptiennes n'ont jamais voulu fournir des informations sur ce journaliste dont on est sans nouvelles.
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Updated on 20.01.2016