Reporters sans frontières dénonce les conditions de détention des journalistes et cyberdissidents

Reporters sans frontières dénonce fermement les conditions de détention des journalistes et cyberdissidents en Iran. L'organisation condamne une nouvelle fois leur maintien en détention souvent arbitraire, et demande leur libération.

Reporters sans frontières dénonce fermement les conditions de détention des journalistes et cyberdissidents en Iran. L'organisation condamne une nouvelle fois leur maintien en détention souvent arbitraire, et demande leur libération. «La visite que les parents de Roxana Saberi ont pu rendre à leur fille, journaliste emprisonnée depuis janvier 2009, constitue une très bonne nouvelle. Toutefois, il ne faut pas oublier que neuf autres journalistes sont toujours détenus dans les prisons iraniennes dans des conditions très difficiles. Les soins médicaux dont certains d'entre eux ont besoin ne sont pas assurés. Par ailleurs, le récent décès du journaliste et blogueur Omidreza Mirsayafi justifie notre inquiétude grandissante au sujet des conditions de détention des journalistes aujourd'hui en Iran », a déclaré l'organisation. Les parents de la journaliste irano-américaine, Roxana Saberi, détenue à la prison d'Évin à Téhéran depuis fin janvier, ont pu, pour la première fois, rendre visite à leur fille le 6 janvier 2009. Monsieur et Madame Saberi sont arrivés des Etats-Unis la veille, alors que la justice n'a toujours pas annoncé les charges pesant contre leur fille. Le 5 avril, l'avocat de la journaliste, Abdolsamad Khoramshahi, a déclaré que le dossier avait été renvoyé devant le tribunal révolutionnaire afin que le juge décide si le procès pouvait avoir lieu, ou si un complément d'enquête était nécessaire. Selon l'Agence France-Presse, Reza Saberi a qualifié de « bon » l'état de santé de sa fille, ajoutant avoir entendu qu' « elle serait bientôt libérée », sans donner d'autres détails. L'arrestation de Roxana Saberi a été révélée aux médias par la radio américaine NPR le 1er mars 2009, suite à un appel de la journaliste à son père, le 10 février. Le lendemain, les autorités iraniennes ont confirmé sa détention à la prison d'Evin de Téhéran, mais n'ont pas précisé la nature des accusations portées à son encontre. Reporters sans frontières rappelle que sept journalistes et deux cyberdissidents sont actuellement détenus en Iran, considéré comme la plus grande prison du Moyen-Orient pour les professionnels des médias. Mohammad Sadegh Kabodvand est ainsi détenu à la prison d'Evin depuis juillet 2007. Le journaliste, malade, n'a toujours pas bénéficié d'une permission de sortie pour se soigner, sous prétexte qu' « il n'a pas purgé trois ans de sa peine ». L'épouse du journaliste se déclare très inquiète pour la santé de son mari. Le 23 octobre 2008, la cour d'appel de Téhéran a confirmé la condamnation de Mohammad Sadegh Kabodvand à onze ans de prison, pour avoir créé une association de défense des droits de l'homme au Kurdistan. Le 31 mars 2009, lors de la cérémonie des British Press Awards, il a reçu le prix du journaliste étranger de l'année, pour son action en faveur des droits de l'homme. Mohammad Hassin Falahieh Zadeh, journaliste à Al-Alam, chaîne publique de radiotélévision en langue arabe, et collaborateur de nombreux médias arabes (le quotidien libanais Al-Mostaqbal, Abu Dhabi TV ou encore Dubaï Radio), a été arrêté en novembre 2006, et condamné à trois ans de prison pour "espionnage", le 29 avril 2007. Il doit également verser une amende équivalant au double des revenus qu'il avait perçus en tant que journaliste. Placé en isolement dans la prison d'Evin, sous le contrôle du ministère des Renseignements, depuis le 28 février 2009, il souffre de thalassémie, une maladie héréditaire qui se traduit par des anémies. Il est le plus ancien journaliste détenu dans les prisons iraniennes. Le journaliste Massoud Kurdpoor a, quant à lui, été condamné le 15 octobre 2008 à un an de prison pour "publicité contre le régime lors d'entretiens accordés aux médias étrangers et ennemis". Son avocat, Maître Abbas Jamali, a indiqué qu'il avait été placé en isolement et privé de tout contact avec sa famille. Enseignant de profession, Massoud Kurdpoor avait dénoncé la détérioration de la situation des droits de l'homme au Kurdistan dans des interviews données à de nombreuses radios étrangères. Le 23 février 2009, il a été transféré de la prison de Mahabad (chef-lieu du Kurdistan) à celle d'Orumieh (chef-lieu de la région ouest d'Azerbaijan). Mojtaba Lotfi a été arrêté le 8 octobre 2008 pour avoir diffusé sur Internet des propos de l'ayatollah Hossein Ali Montazeri, célèbre opposant au guide suprême de la révolution islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, critiquant la déclaration du président Mahmoud Ahmadinejad selon laquelle l'Iran serait “le pays le plus libre du monde”. Le 29 novembre, il a été condamné par le tribunal spécial du clergé de la ville de Qom (centre-nord du pays) à une peine de quatre ans de prison et à cinq ans de bannissement. Il souffre également de problèmes pulmonaires suite à une blessure subie lors de la guerre Iran-Irak. Le journaliste Kaveh Javanmard, de l'hebdomadaire Karfto, a été transféré fin mars 2009, après 2 ans de détention dans la prison de la ville de Maragheh (Nord-Ouest), à la prison de Sanandaj. Il a été condamné, le 17 mai 2007, par la deuxième chambre du tribunal de Sanandaj, à deux ans de prison. Il avait bénéficié d'une permission médicale au mois de juillet 2008 pour soigner des douleurs au foie. Bahman Totonchi, ancien collaborateur de l'hebdomadaire Karfto, est détenu depuis le 18 novembre 2008 à la prison de Sanandaj. Toujours aucune charge n'ayant été officiellement retenue contre lui. Par ailleurs, Reporters sans frontières n'a toujours aucune nouvelle de Hossein Derakhshan. Depuis le 1er novembre 2008, selon sa famille, ce blogueur est détenu dans un lieu inconnu. Son arrestation avait été confirmée le 30 décembre 2008 par le porte-parole de l'Autorité judiciaire iranienne, Ali Reza Jamshidi, après avoir été annoncée dans les médias.
Publié le
Updated on 20.01.2016