Reporters sans frontières dénonce de nouvelles mesures de censure sur Internet

Reporters sans frontières déplore la censure du site collaboratif francophone Come4news (http://www.come4news.com/) en Tunisie depuis le 10 mars 2008. «Come4news (C4N) permet aux internautes de s'exprimer directement. Dans un pays où ils ne cessent de se multiplier, bannir l'accès à un tel site contribue à rendre la Toile tunisienne un peu plus silencieuse encore. Nous demandons aux autorités de donner les raisons officielles de ce blocage», a déclaré l'organisation. Les administrateurs du site ont été directement prévenus de ce blocage par leurs lecteurs tunisiens. Le 17 mars 2008, ils ont lancé un appel au président Zine El-Abidine Ben Ali pour que les autorités reviennent sur leur décision . L'équipe de Come4news n'a toujours pas reçu d'explication de la part des autorités et des fournisseurs d'accès à Internet. Les administrateurs expliquent cette censure par le fait que C4N reprend des articles du blog Tunisia Watch (http://tunisiawatch.rsfblog.org/), censuré dans le pays. Surnommé « le Wikipédia du journalisme citoyen», C4N est un site collaboratif qui permet à 1648 reporters francophones de publier des informations de toutes sortes, contrôlées par des modérateurs bénévoles. Depuis son lancement en 2006, plus de 16000 articles ont été publiés en ligne. La Tunisie représentait 5% du lectorat de Come4news. Par ailleurs, Reporters sans frontières s'étonne de la difficulté avec laquelle les internautes tunisiens consultent leurs mails. Les messages électroniques provenant d'organismes de défense des droits de l'homme tels que l'Association internationale de soutien aux prisonniers politiques (AISPP), le site d'informations Tunisnews ou celui de Reporters sans frontières sont illisibles. D'après plusieurs sources, ces mails sont présents sur la boîte aux lettres électronique et il est possible de les ouvrir. Cependant, ils ne contiennent rien et, une fois lus, disparaissent de la boîte. « Ça ressemble à un filtrage mal caché », selon les avis de spécialistes de la question. Voici un extrait de discussion entre deux Tunisiens suite à leurs échanges d'e-mails (les pseudonymes ont été changés pour leur sécurité): «XX dit (18 : 51) : ton pc déconne de temps à autre c=12FF/ dit (18 :52) : j'ai ouvert le mail : « yesterday I ate a lovely cheesecake, but now I have a terrible stomach-ache. Are you a doctor ? ». C'est ce que j'ai trouvé. C'est étrange. XX dit (18 : 52) : C'est-à-dire ? Pas de pièce jointe ? c=12FF/ dit (18 :52) : non (...) (18 :57) :Le problème est que le mail disparaît après. C'est pas normal. (...) XX dit (19 : 21) : Je t'ai envoyé un troisième mail maintenant... Peux-tu voir ce qui te parvient ? c=12FF/ dit (19 :21) : We will meet next Sunday. Hoping you will be there. Greetings (...) C' est quoi ces messages en anglais qui viennent avec vos mails ? (19 :22) : et le plus étrange est que vos mails disparaissent après. Il n'y a aucune trace ». Le 22 avril dernier, Reporters sans frontières a adressé un communiqué de presse à l'un de ses contacts concernant la situation de l'hebdomadaire tunisien d'opposition Al-Maoufik. Le mail de l'organisation, intitulé « TUNISIE (Communiqué de presse) - l'hebdomadaire Al Moufik doublement menacé d'asphyxie financière » provenait du contact RSF INTERNET ([email protected]). En l'ouvrant, voici ce qu'il a pu lire : see you De: [email protected] Haut du formulaire Bas du formulaire Excuse me, have you seen Barbara? I'm looking for her everywhere. Çççççççççççççççççççççççççççççççççç La Tunisie figure dans la liste des « Ennemis d'internet » de Reporters sans frontières. Elle est le pays du Maghreb le plus répressif en matière d'expression sur le Net. Pourtant, les blogueurs y sont actifs. Le 10 avril, des vidéos publiées sur le Web ont permis de mesurer l'ampleur de la situation dans le bassin minier de Gafsa (sud du pays) suite à la répression exercée par les autorités lors d'une manifestation dans les villes de Redeyef et Diin Moulares. Cybermanifester en Tunisie pour demander la libération de Slim Boukhdir, condamné à un an de prison le 18 janvier 2008, et réclamer un accès à un Réseau libre.
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Mise à jour le 20.01.2016