"Nous prenons acte des excuses présentées par les dirigeants de Yahoo! aux familles de Shi Tao et Wang Xiaoning, mais nous déplorons qu'ils n'aient pas annoncé de mesures concrètes pour éviter d'être à nouveau impliqués dans des arrestations d'internautes ou de dissidents chinois. Jerry Yang et Michael Callahan n'ont pas su saisir la chance qui leur était offerte de faire preuve de transparence et ils n'ont pas été convaincants sur les raisons de leur mensonge de février 2006. Bien entendu, un geste humanitaire en faveur des familles des cyberdissidents emprisonnés est le bienvenu, mais Yahoo! n'a pas réussi à dissiper les doutes sur sa volonté de mettre fin à sa collaboration avec les services de sécurité chinois", a déclaré Reporters sans frontières.
Cette audience a montré la nécessité pour le Congrès américain d'adopter au plus vite le Global Online Freedom Act (GOFA) qui vient d'être approuvé, à l'initiative du représentant républicain Christopher Smith, par le comité des affaires étrangères de la Chambre des représentants américaine.
Jerry Yang et Michael Callahan, respectivement PDG et vice-président de l'entreprise américaine Yahoo!, ont été entendus, le 6 novembre, par le Congrès américain concernant les déclarations controversées de M. Callahan au sujet de l'implication de l'entreprise dans l'arrestation du journaliste Shi Tao en 2005. Déjà entendu par le Congrès en février 2006, Michael Callahan avait affirmé que Yahoo! ignorait "la nature de l'investigation" des autorités chinoises, arguant que l'entreprise n'avait fait qu'obéir à la loi. Un document publié par la Dui Hua Foundation a montré que Yahoo! Chine avait été informée de la nature des charges retenues contre Shi Tao en avril 2004.
Pour la première fois depuis le début de l'affaire, les dirigeants de Yahoo! et les proches de Shi Tao et de Wang Xiaoning ont pu se rencontrer après l'audience. Jerry Yang et Michael Callahan ont présenté leurs excuses à Gao Qinshen, la mère de Shi Tao, et Yu Ling, l'épouse de Wang Xiaoning, et ont fait part de leur volonté d'obtenir la libération des cyberdissidents. Pressés par plusieurs représentants, et notamment le président de la comité des Affaires étrangères, Tom Lantos, étonné que la compagnie n'ait toujours pas contacté les familles, Jerry Yang a promis d'examiner la possibilité de fournir une aide humanitaire aux proches des cyberdissidents concernés.
Enfin, plusieurs représentants ont demandé à Yahoo! d'utiliser son influence commerciale pour tenter d'obtenir un "changement positif" en matière de liberté d'expression sur Internet en Chine.
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05.11 - A la veille du témoignage de Yahoo! devant le Congrès, Reporters sans frontières demande que la lumière soit enfin faite sur la collaboration de l'entreprise avec la police chinoise
Reporters sans frontières demande à Michael Callahan, vice-président du groupe Yahoo! de lever le voile sur ses relations avec les autorités chinoises
qui ont conduit plusieurs internautes et dissidents en prison. Le 6 novembre 2007, le Congrès américain entendra Michael Callahan concernant le faux témoignage que Yahoo! a fourni sur son implication dans la condamnation, en 2005, à 10 ans de prison du cyberdissident chinois
Shi Tao, pour "divulgation de secret d'Etat à l'étranger".
"La justification confuse de Yahoo! lors de sa dernière audience devant le Congrès, le 27 février 2006, doit être clarifiée. Face aux preuves accablantes, l'entreprise doit accepter les conséquences de ses erreurs. Au moins quatre cyberdissidents sont derrière les barreaux car Yahoo! a fourni des renseignements sur eux à la police chinoise. Nous aimerions connaître jusqu'où Yahoo! a suivi les ordres des autorités de Pékin et combien de personnes sont réellement concernées parmi les centaines de prisonniers politiques détenus dans le pays. Si Yahoo ! a délibérement menti devant le Congrès et que l'entreprise continue à collaborer avec le régime chinois, les représentants doivent en tirer les conséquences", a déclaré Reporters sans frontières.
Le vice-président du groupe Yahoo!, avait affirmé au Congrès en février 2006 que l'entreprise "n'avait aucune idée de la nature de l'investigation" menée par les autorités chinoises, en faisant allusion à celle qui portait depuis 2004 sur le journaliste Shi Tao. En réalité, le Département chinois de la sécurité de l'Etat, a envoyé un document à Yahoo le 22 avril 2004, dans lequel les autorités demandaient des informations sur un compte précis, suspecté de "divulgation de secret d'Etat à l'étranger".
"S'il s'avère que Yahoo! connaissait les tenants et les aboutissants de cette demande des autorités, le groupe se trouverait dans une situation fort délicate. Masquer un comportement aussi méprisable serait une offense au Congrès" a déclaré Tom Lantos, le responsable du comité des affaires étrangères de la Chambre des représentants. "Pour une entreprise engagée dans l'industrie de l'information, il serait malvenu de garder autant de mystère autour de cette affaire. Nous espérons entendre la vérité", a-t-il poursuivi.
Le 1er novembre 2007, Michael Callahan s'est excusé auprès du Congrès. "Plusieurs mois après avoir témoigné sur les ambitions commerciales de Yahoo en Chine devant le comité des affaires étrangères, j'ai réalisé que l'entreprise avait plus d'informations que moi concernant le document d'avril 2004", a-t-il affirmé. "J'ai négligé l'ampleur de cette information et n'en ai pas alerté le comité. Je regrette profondément le malentendu auquel cela a mené et m'excuse auprès du comité", a-t-il déclaré. D'après le quotidien britannique Financial Times, Michael Callahan devrait fournir les preuves qu'un avocat de Yahoo! en Asie a oublié de lui notifier cet ordre des autorités chinoises car ce dernier estimait qu'il n'était pas important.
La collaboration de Yahoo! Hong Kong avec la police est mise en avant concernant les quatre cyberdissidents suivants :
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Shi Tao (voir plus haut)
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Wang Xiaoning, condamné à dix ans de prison en septembre 2003 pour avoir publié des articles "subversifs" sur Internet.
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Li Zhi, condamné à huit ans de prison en décembre 2003 pour "incitation à la subversion" pour avoir qualifié les pratiques des hommes politiques locaux de "mafieuses" sur des forums de discussions et dans des articles sur Internet.
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Jiang Lijun, activiste démocrate, libéré après quatre ans de prison. Il avait été condamné pour "incitation à la subversion des autorités de l'Etat" en 2002. Selon la police, qui l'avait déjà arrêté plusieurs fois à cause de ses publications sur le Net, il était le chef de file d'un groupe de cyberdissidents. Il a été libéré le 5 novembre 2006.