Reporters sans frontières condamne une sanction visant à intimider la chaîne NTV

Dans une lettre adressée le 17 décembre 2003 au ministre libanais de l'Information, Michel Samaha, Reporters sans frontières a condamné l'interdiction faite à la chaîne de télévision privée New Television (NTV) de diffuser tout journal d'information et toute émission politique pendant une durée de quarante-huit heures, à compter du 16 décembre 2003 à 15h00. "L'attitude des pouvoirs publics libanais envers les médias, notamment audiovisuels, est tout à fait regrettable. Quel est ce genre d'Etat qui pratique des campagnes de harcèlement à l'encontre de certains médias, allant jusqu'à prononcer une sanction aussi absurde que l'interdiction de diffuser des programmes d'information ?", a écrit Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. "Les interventions politiques de la Justice ou du gouvernement dans le secteur des médias se sont multipliées depuis la fermeture définitive de la chaîne Murr TV l'an dernier, réduisant le Liban à un piètre exemple en matière de liberté de la presse pour les pays arabes. En outre, ces entraves ont un impact désastreux sur le travail des journalistes qui se sentent de plus en plus surveillés et menacés par les autorités", a conclu M. Ménard. NTV a été accusée par le ministère de l'Information d'avoir violé la loi sur l'audiovisuel en diffusant une information "subjective" concernant le départ de l'une de ses présentatrices, Dalia Ahmad. Le 12 décembre, la chaîne avait mis en cause le chef des services de renseignements militaires syriens au Liban, le général Roustom Ghazalé, et le directeur général de la Sûreté générale libanaise, le général Jamil Sayyed, dans le refus de délivrer un permis de travail et une carte de séjour à la journaliste de nationalité soudanaise Dalia Ahmad. Le 6 décembre, le propriétaire de NTV, Tahsin Khayat, a été arrêté par la justice militaire pour ses "liens présumés avec Israël", avant d'être relâché vingt-quatre heures plus tard. M. Khayat avait accusé des services de renseignements d'être à l'origine son arrestation, accompagnée de la confiscation de nombreux documents. Cette campagne de harcèlement contre la chaîne, connue pour ses critiques à l'égard du gouvernement, pourrait être liée à la couverture exhaustive par NTV d'une affaire crapuleuse, celle de la banque Al-Medina, mettant en cause plusieurs personnalités politiques du pays.
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Updated on 20.01.2016