Reporters sans frontières affirme sa solidarité avec les radios privées
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Reporters sans frontières proteste auprès du président ougandais Yoweri Museveni, après que les radios privées ont été menacées de fermeture si elles diffusent des débats sur le procès actuellement intenté au principal opposant du régime, Kizza Besigye. L'organisation affirme sa solidarité avec les radios, qui ne peuvent en aucun cas passer sous silence un événement majeur pour le pays, fût-il embarrassant pour le gouvernement en place.
« Interdire de débattre sur un sujet qui agite le pays est absurde, a déclaré Reporters sans frontières. Bâillonner la parole publique n'a jamais été efficace pour faire taire le trouble de la population. Nous appelons le gouvernement à revenir sur sa décision et à faire confiance, comme notre organisation, au professionnalisme des radios de Kampala pour éclairer les Ougandais sur la crise politique en cours. »
A la veille de la comparution devant une cour militaire du président du Forum pour le changement démocratique (FDC, opposition), Kizza Besigye, le gouvernement ougandais a interdit aux radios de tenir des débats sur le sujet. « Une station de radio qui participera à la diffusion de points de vue ou de messages susceptibles de provoquer le désordre sera considérée comme complice des projets de fomenter le désordre », a expliqué le ministre de l'Information, Nsaba Buturo, le 23 novembre 2005. Il prétendait s'appuyer sur les lois ougandaises qui interdisent de commenter les procédures judiciaires en cours de manière à préserver « le droit à un procès juste ».
Le soir même, les locaux de la station privée Radio Simba ont été encerclés par des hommes armés à la recherche d'un militant de l'opposition, Muwanba Kivumbi, invité pour une interview. Ce dernier a été interpellé lorsqu'il est arrivé sur place.
Dans la perspective de l'élection présidentielle de mars 2006, Kizza Besigye est rentré de son exil en Afrique du Sud le mois dernier. Presque aussitôt accusé de « trahison » et de « terrorisme » pour son soutien supposé à des mouvements de guérilla, il a été déféré devant une cour militaire qui siège à huis clos. En compagnie de 22 responsables de son parti, il risque la peine de mort. Il a également été inculpé du viol présumé d'une femme, en 1997, une accusation qu'il rejette catégoriquement.
Depuis la libéralisation des ondes au début des années 1990, la presse et les radios ougandaises se caractérisent par leur indépendance de ton et leur couverture modérée de l'actualité. Le succès des talk-shows interactifs et des « ebimeeza », des débats publics retransmis en direct, s'appuie sur le respect des règles de déontologie journalistique et d'équilibre dans la diffusion des propos politiques. Cette exigence a permis aux médias privés de gagner en crédibilité auprès de la population et d'être capables de se défendre efficacement.
Publié le
Updated on
20.01.2016