Rencontres au sommet à Moscou: Reporters sans frontières exprime son inquiétude auprès de Georges W. Bush et du président Barroso

A l'occasion de leur visite à Moscou à deux jours d'intervalle, Reporters sans frontières a adressé deux lettres à Georges W. Bush et au président de la Commission européenne José Manuel Barroso pour leur faire part de ses inquiétudes concernant l'augmentation du nombre de violations de la liberté de la presse en Russie depuis l'arrivée de Vladimir Poutine au Kremlin.

Dans deux lettres adressées au chef de l'Etat américain Georges W. Bush et au président de la Commission européenne José Manuel Barroso, qui doivent rencontrer respectivement Vladimir Poutine les 9 et 10 mai à Moscou, Reporters sans frontières exprime son « inquiétude concernant l'augmentation du nombre de violations de la liberté de la presse dans ce pays depuis l'accession au pouvoir de Vladimir Poutine ». L'organisation de défense de la liberté de la presse a demandé aux deux hommes d'évoquer, lors de leur entretien respectif avec le chef de l'Etat russe, « l'absence de pluralisme de l'information, le durcissement de la répression à l'encontre des journalistes qui induit une autocensure généralisée, et la situation dramatique de la liberté de la presse en Tchétchénie ». « Pas moins de 17 journalistes ont été agressés et trois autres menacés pour la seule année 2004, en raison de leur activité professionnelle. Deux journalistes ont été également victimes de brutalités durant le mois de mars 2005. La violence à l'égard des journalistes constitue la plus sérieuse menace faite à la liberté de la presse en Russie.
Plusieurs journalistes ont été assassinés ces dernières années. L'assassinat de Paul Khlebnikov, citoyen américain et rédacteur en chef de l'édition russe du magazine Forbes, le 9 juillet 2004 à la sortie de son bureau, n'est toujours pas élucidé .» Reporters sans frontières a précisé au président Bush avoir « émis des réserves sur le sérieux et sur l'impartialité de l'enquête en cours. Nous attendons de Vladimir Oustinov, procureur général de Russie, qu'il établisse toute la vérité sur cet assassinat, alors que deux suspects, extradés du Bélarus en février, devraient être jugés en juillet prochain. Il serait souhaitable que les commanditaires de cet acte odieux soient rapidement identifiés et punis. » Par ailleurs, Reporters sans frontières « espère toujours des avancées concrètes dans l'enquête sur l'assassinat d'Alexeï Sidorov. Ce journaliste, âgé de 31 ans, avait été poignardé par deux hommes dans le parking de son immeuble à Togliatti (Centre-Ouest), le 9 octobre 2003. Il était mort peu après dans les bras de son épouse. Alexeï Sidorov avait remplacé le journaliste Valery Ivanov, assassiné dans des circonstances similaires le 29 avril 2002.
A ce jour, le gouvernement russe n'a pris aucune mesure pour que les coupables de ces assassinats soient identifiés et punis. Cette spirale de la violence qui se déroule en toute impunité ne peut que contribuer à encourager cette politique de terreur à l'égard de la presse et à contraindre les journalistes à pratiquer l'autocensure », a ajouté l'organisation dans sa lettre adressée au président de la Commission européenne. Reporters sans frontières a également indiqué être « toujours sans nouvelles d'Ali Astamirov, correspondant de l'Agence France-Presse (AFP) en Ingouchie, enlevé le 4 juillet 2003 ». L'organisation a ainsi demandé à José Manuel Barroso de bien vouloir intervenir auprès de Vladimir Poutine afin que les autorités russes s'engagent à tout mettre en œuvre pour élucider cette disparition. Reporters sans frontières a tenu également à souligner « l'absence alarmante de pluralisme au sein du secteur audiovisuel et la récente disparition de médias indépendants en Russie ». L'organisation de défense de la liberté de la presse se félicite à ce sujet de l'adoption par le Parlement européen, le 28 avril, du Rapport annuel sur les Droits de l'homme dans le monde en 2004. Son article 38 exprime les inquiétudes de l'Europe concernant « l'extension du contrôle de facto exercé par le gouvernement sur la plupart des stations de télévision » et le risque réel de porter gravement atteinte à « l'existence de sources d'information alternatives ».
Dans l'article 37 de ce rapport, le Parlement européen « demande instamment à la Russie de permettre aux organisations humanitaires, aux reporters et aux observateurs des droits de l'homme d'accéder librement en Tchétchénie ». Le Conseil de l'Europe (dont la Russie fait partie) a estimé quant à lui, le 3 mai, que « la censure motivée par la sécurité ne sert que la cause des terroristes ». René Van der Linden, président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE), a appelé les 46 Etats membres de son organisation à « s'abstenir d'adopter des restrictions inutiles à la libre circulation des informations sous couvert de lutte contre le terrorisme ».
Publié le
Updated on 20.01.2016