Regain de tension entre le Hamas et le Fatah : les incarcérations arbitraires de journalistes se multiplient

Reporters sans frontières renouvelle son appel aux responsables politiques palestiniens pour qu'ils mettent un terme aux vagues d'arrestations des professionnels des médias. "Mahmoud Abbas et Ismaël Haniyeh ne peuvent pas rester silencieux face à une telle situation. Il y va de leur propre intérêt de garantir des espaces de liberté d'expression", a déclaré l'organisation.

Reporters sans frontières renouvelle son appel aux responsables politiques palestiniens pour qu'ils mettent un terme aux vagues d'arrestations des professionnels des médias, alors qu'au moins quatre journalistes sont incarcérés en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. "La lutte politique entre le Hamas et le Fatah a causé d'importants dégâts au sein de la presse nationale. De nombreux médias ont été fermés dans les Territoires palestiniens et des dizaines de journalistes ont été interpellés. En l'absence d'Etat de droit, ces derniers n'ont aucun recours face à ces agressions. Mahmoud Abbas et Ismaël Haniyeh ne peuvent pas rester silencieux face à une telle situation. Il y va de leur propre intérêt de garantir des espaces de liberté d'expression", a déclaré l'organisation. Reporters sans frontières demande la libération des journalistes emprisonnés. Waddah Eid, collaborateur occasionel du site Internet aljazeera.net, est détenu depuis le 17 juillet 2008. Bien qu'aucun motif d'inculpation n'ait été fourni à ce jour, son arrestation serait liée à ses publications dans certains médias considérés comme proches du Hamas. Il a été incarcéré après avoir répondu à une convocation dans les locaux de la Sécurité préventive, organe des services de sécurité de l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas. L'organisation est également sans nouvelles de Farid Hamad, correspondant du quotidien Al-Ayyam, depuis son arrestation, le 29 juillet 2008, à son domicile à Salwad (près de Ramallah). De son côté, Awad Al-Rajoub, correspondant permanent du site Internet aljazeera.net, a été libéré le 28 août 2008, après avoir passé près d'un mois en détention sans qu'aucune charge soit retenue à son encontre. La Cour suprême palestinienne avait déclaré sa détention illégale suite aux pressions d'organisations palestiniennes de défense de la presse et des employeurs du journaliste. "Je suis resté vingt-six jours en cellule d'isolement, dont seize dans de mauvaises conditions. Je n'avais pas droit à un matelas, je dormais à même le sol. (...) J'ai été interpellé en raison de mon travail. Je pense que je ne pourrai plus traiter des sujets auxquels je me consacrais auparavant, parce qu'ils sont devenus tabous, ce qui montre à quel point la liberté d'expression s'est détériorée dans les Territoires", a affirmé Awad Al-Rajoub à sa sortie de prison. Il avait été interpellé le 29 juillet 2008 dans les locaux du Centre arabe des médias à Hébron (Cisjordanie) par des membres des forces de sécurité de l'Autorité palestinienne. Son ordinateur et des documents de travail avaient été saisis à cette occasion. Dans la bande de Gaza, plusieurs journalistes, accusés d'être des partisans du Fatah, avaient été arrêtés par les forces armées du Hamas suite à un attentat à la voiture piégée survenue le 25 juillet 2008. Deux d'entre eux, Fouad Jarrada, de la télévision officielle (Palestine Broadcasting Corporation), et Amro Farra, correspondant de l'agence de presse officielle, sont toujours privés de liberté. Par ailleurs, Imad Eid, directeur de l'agence de presse Maan et correspondant de la chaîne de télévision libanaise Al-Manar, a été brièvement interpellé, le 29 juillet 2008, suite à la publication d'une dépêche concernant la fermeture par le Hamas de locaux appartenant au parti de Mahmoud Abbas. Dans sa liste des "Prédateurs de la liberté de la presse", publiée en mai 2008, Reporters sans frontières a inclu, pour la première fois, la branche armée du Hamas, à Gaza, et les forces de sécurité de l'Autorité palestinienne, en Cisjordanie.
Publié le
Updated on 20.01.2016