Regain de pressions envers les journalistes

Reporters sans frontières s'alarme de la récente vague d'interpellations visant les journalistes au Zimbabwe et demande aux autorités locales de cesser leurs tentatives d'intimidation sur les médias privés et indépendants et de prendre des mesures à l'encontre des responsables d'agressions des professionnels de l'information. "Ce soudain regain de poursuites judiciaires et d'incidents avec la police n'augure rien de bon pour les mois à venir", a déclaré Reporters sans frontières. "Il est nécessaire de garantir aux journalistes la liberté d'enquêter sur des affaires politiques sans craindre des poursuites pénales abusives. Nous sommes très préoccupés par les pressions judiciaires dont plusieurs journalistes et médias indépendants ont fait l'objet ces dernières semaines". Le dernier incident en date est survenu le 13 octobre 2012. Tendai Kamhungira et Bethule Nkiwane, deux journalistes de l'hebdomadaire privé Daily News on Sunday, ont été agressés et menacés par les gardes du corps de l'homme politique sud-africain Julius Malema alors qu'ils cherchaient à obtenir une interview de l'ex-leader de la Ligue de la jeunesse du Congrès national africain (ANC, parti au pouvoir en Afrique du Sud). Ils ont été forcés de supprimer les photographies qu'ils avaient faites pour illustrer leur article, et la carte mémoire de leur appareil photo a été saisie par leurs agresseurs. Une plainte a été déposée auprès des autorités de police. Cinq jours plus tôt, le 8 octobre, Stanley Gama, directeur de publication du quotidien Daily News, et son adjoint, Chris Goko, ont été interpellés après avoir publié un article dénonçant une possible simulation, à des fins politiques, de l'enlèvement de la famille du député Munyaradzi Kereke. Ces interpellations interviennent à la suite de plusieurs menaces proférées par le député envers les journalistes au cours des dernières semaines. Stanley Gama et Chris Goko font l'objet de poursuites pénales pour "diffamation" et affrontent une absurde demande de dommages et intérêts de 25 millions de dollars. Également poursuivi pour "diffamation", Kudakwashe Matura a été arrêté le 8 septembre dernier pour des allégations publiées dans la newsletter de Kariba News. Il doit comparaître le 19 octobre devant un tribunal pénal. Le 26 septembre, la police a effectué une descente dans les locaux de l'African Open Media Initiative (Afromedia) et a interpellé plus d'une dizaine de journalistes. Plusieurs ordinateurs et du matériel vidéo ont été saisis au prétexte de l'irrégularité des licences de matériel de diffusion. Les journalistes ont été relâchés le lendemain sans qu'aucune charge ne soit retenue à leur encontre, mais les autorités ont néanmoins exigé que le directeur de publication, Sifelani Tsiko, et deux de ses collègues se présentent régulièrement au commissariat. A ce jour, le matériel saisi n'a toujours pas été récupéré par Afromedia. Cet incident peut être interprété comme un avertissement contre une société qui n'a pas été enregistrée par la Broadcasting Authority of Zimbabwe (BAZ). Cette institution a tendance à ne reconnaître et accorder des licences qu'aux médias proches du Zanu-PF, le parti du président Robert Mugabe. Photo : Jekesai Njikizana / AFP
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Updated on 20.01.2016