Le Service de la sécurité d'Etat du Nigeria (SSS) a lancé une opération de grande envergure à Lagos contre les locaux de l'hebdomadaire privé The Insider Weekly le 4 septembre à l'aube, saisissant l'ensemble des ordinateurs, des archives et des exemplaires du dernier numéro.
Le Service de la sécurité d'Etat du Nigeria (SSS) a lancé une opération de grande envergure à Lagos contre les locaux de l'hebdomadaire privé The Insider Weekly le 4 septembre à l'aube, saisissant l'ensemble des ordinateurs, des archives et des exemplaires du dernier numéro. Après douze heures de perquisition, les agents du SSS ont fermé les bureaux du journal. Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, deux employés, Raphael Olatoye et Cyril Mbamalu, ont été arrêtés et sont maintenus en détention à Shangisha, le quartier général du SSS. Le directeur de la publication de l'hebdomadaire, Obed Awowede, a expliqué à Reporters sans frontières que tous les journalistes se cachaient, de peur d'être arrêtés.
Reporters sans frontières s'insurge contre les pratiques brutales du SSS et s'étonne de leur réapparition au Nigeria, cinq ans après la restitution du pouvoir aux civils. « Le SSS doit cesser de traiter les journalistes comme des gangsters, a déclaré l'organisation. Les locaux de l'hebdomadaire doivent être rouverts et le matériel saisi rendu à ses propriétaires. The Insider Weekly doit paraître normalement et les autorités fédérales doivent garantir la sécurité des journalistes nigerians au lieu de la mettre en péril. »
Selon le quotidien This Day, qui rend compte de l'opération de police dans son édition du 5 septembre, un communiqué du SSS explique qu'il n'avait « pas d'autre choix que d'agir promptement », après que « depuis un certain temps, The Insider Weekly a attaqué constamment, humilié et publié des articles désobligeants à l'égard du Président et commandant en chef et d'autres personnalités du gouvernement ».
Depuis 2001, The Insider Weekly dénonce régulièrement la corruption, les manœuvres et les pratiques illégales de certains responsables politiques, notamment le président Olusegun Obasanjo, son vice-président Atiku Abubakar, ou les présidents des deux Chambres.
Les autorités fédérales mettent volontairement en avant leur engagement en faveur de la liberté de la presse, mais les violences contre les journalistes ne cessent pas. Comme d'autres professionnels de la presse nigeriane, plusieurs journalistes de The Insider Weekly avaient déjà fait l'objet d'arrestations pour les mêmes motifs en 2003.
L'année 2004, jusqu'à présent relativement calme, prend une tournure inquiétante si, pour avoir semblé « désobligeants » envers le président « et d'autres », les journalistes deviennent la cible des commandos du SSS. Reporters sans frontières rappelle que « la liberté d'expression, y compris le droit de soutenir des opinions, de diffuser ou de recevoir des idées ou des informations sans interférence » est garantie par l'article 39 de la Constitution du Nigeria.