Rassemblement devant l’ambassade du Maroc à Paris pour la liberté de la presse

Reporters sans frontières et le site d’informations Bakchich ont organisé aujourd’hui, 22 octobre 2009, un rassemblement devant l’ambassade du Maroc à Paris afin d’exprimer leur soutien aux journalistes marocains, victimes depuis plusieurs semaines d’une avalanche de plaintes et de sanctions. Les verdicts disproportionnés tombent et menacent gravement le pluralisme au sein de la presse marocaine. « Ce rassemblement est une réaction face aux procès en série et aux condamnations disproportionnées qui frappent la presse privée. On assiste à une véritable crispation sur les ‘lignes rouges’, qui menace la liberté de la presse au Maroc. Depuis quelques semaines, des bureaux de rédaction sont fermés, des journalistes emprisonnés ou contraints de payer des amendes de plusieurs centaines de milliers d’euros. Ce harcèlement, visiblement orchestré par le Palais, doit cesser. Si le Journal Hebdomadaire, Akhbar Al-Youm ou Al-Michaal devaient disparaître en raison des amendes exorbitantes prononcées par la justice, il s’agirait d’un retour en arrière gravissime », a déclaré l’organisation. A l’issue du rassemblement, deux journalistes de Bakchich et une représentante de Reporters sans frontières ont été reçues par trois conseillers de son Excellence l’ambassadeur du Maroc en France. Au cours de cette entrevue, elles ont pu exprimer leur inquiétude face à la récente multiplication des procès et des condamnations de journalistes à des peines de prison et à des amendes exhorbitantes. Les conseillers se sont engagés à transmettre ces doléances à Rabat. Demain, 23 octobre, le journal Akhbar Al-Youm sera au centre de deux procès suite à la publication d’une caricature dans son édition du 26-27 septembre. Taoufiq Bouachrine, directeur de publication, et Khalid Gueddar, caricaturiste, sont poursuivis par le ministère de l’Intérieur pour “atteinte à l’emblème du royaume“. Le même jour, les deux journalistes seront jugés pour “non-respect dû à un membre de la famille royale“ suite à une plainte déposée par Moulay Ismaïl, sujet de la caricature. Ce dernier, cousin du roi, réclame 266 000 euros de dommages et intérêts. Les bureaux de la rédaction à Casablanca sont toujours sous scellés et gardés par la police. Le 26 octobre, le tribunal de Rabat rendra son verdict dans le procès intenté contre Ali Anouzla, directeur du quotidien Al-Jarida Al-Oula, et la journaliste Bouchra Eddou, accusés de “délit de publication, avec mauvaise intention, de fausses informations, d’allégations et de faits mensongers“, suite à la publication d’un article le 27 août dernier qui contredisait le bulletin de santé officiel du roi. Le journal évoquait l’utilisation de cortisone par Mohammed VI pour soigner son asthme. Suite à une condamnation par la Cour suprême, le 30 septembre, la rédaction du Journal Hebdomadaire, l’une des seules publications indépendantes du royaume, a été condamnée à payer, le 18 octobre, une amende de 250 000 euros de dommages et intérêts pour “diffamation“ dans le cadre d’un procès datant de 2006. Le paiement de cette somme constitue un danger pour la survie de cette publication. Le 15 octobre 2009, après un procès sans défense, Idriss Chahtane du journal Al-Michaal, a été condamné à un an de prison ferme par le tribunal de Rabat. Les deux autres journalistes accusés, Rachid Mahamid et Mustapha Hayrane, se sont vu infliger des peines de trois mois de prison ferme. Tous les trois doivent payer des dommages et intérêts de plusieurs milliers de dirhams. Le soir même, Idriss Chahtane a été arrêté et incarcéré. L’article en question portait également sur la santé du roi.
Publié le
Updated on 20.01.2016