Rapport d’enquête au Caucase russe : le rideau de fer médiatique
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Reporters sans frontières rend public, le 25 juin 2009, un rapport d’enquête sur la situation des médias dans le Caucase russe. L’organisation de défense de la liberté de la presse s’est rendue au Daghestan, en Ingouchie et en Tchétchénie. Ses représentants ont rencontré les présidents Ramzan Kadyrov (Tchétchénie, photo AFP) et Iounous-Bek Evkourov (Ingouchie), ainsi que des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme locaux.
L’organisation a enquêté pour évaluer les conditions dans lesquelles les journalistes locaux et étrangers collectent l’information et rendent compte d’un contexte très tendu. Reporters sans frontières a constaté des pressions très fortes sur les médias, mais également sur les acteurs de la société civile qui défendent la liberté d’expression. La mission a également cherché à savoir par quels moyens les populations accèdent aux informations indépendantes. Enfin, elle s’est entretenue avec des représentants du pouvoir exécutif afin de recueillir leur analyse sur la situation.
Les discours officiels, affirmant avec conviction que la situation dans le Caucase russe est maîtrisée, s’écroulent face aux exactions perpétrées et au climat de tension qui règne toujours dans cette partie de la Russie. En Tchétchénie, alors que les autorités russes réaffirmaient en avril 2009 la “normalisation” de la situation et décidaient de lever le statut de zone de lutte antiterroriste (KTO), elles ont dû le réintroduire temporairement dans trois districts du Sud.
Le 22 juin dernier, le président ingouche Iounous-Bek Evkourov (photo AFP) a été la cible d’un attentat à la voiture piégée et se trouve depuis dans un état grave. Pourtant, nombreux étaient ceux qui avaient placé dans sa nomination l’espoir d’un apaisement des troubles qui agitent cette république voisine de la Tchétchénie. Enfin, le 5 juin, au Daghestan, un autre attentat a coûté la vie au ministre de l’Intérieur.
La population de ces républiques est quasi quotidiennement la cible de violences et abandonnée par les autorités centrales. Au vu du chaos qui règne dans ces régions et qui affecte les journalistes, on est d’ailleurs en droit de se demander si cet état de fait est le résultat de l’impuissance ou de l’absence de volonté de Moscou. Dans les deux cas, quelles perspectives s’offrent aux populations locales ?
La presse, tant russe qu’internationale, prête moins d’attention au Caucase russe aujourd’hui qu’il y a quinze ans, lorsque la première guerre de Tchétchénie a débuté. Bien sûr des journalistes comme Anna Politkovskaïa rendaient compte avec ténacité des violences dont étaient victimes les populations. Aujourd’hui, à Moscou, la Cour suprême a annulé l’acquittement, en février 2009, de trois hommes suspectés d’avoir participé à l’assassinat de la journaliste de Novaïa Gazeta, en 2006. L’affaire devra être rejugée. On ignore toujours l’identité des commanditaires de ce crime. Le 7 octobre prochain, cela fera trois ans qu’Anna Politkovskaïa a été abattue dans son immeuble. La violence et l’impunité règnent en Russie
Une conclusion s’impose. Il faut soutenir les journalistes tchétchènes, ingouches et daghestanais qui continuent à couvrir l’actualité du Caucase russe, afin que les populations puissent être informées. Les sociétés civiles, notamment les médias indépendants, sont en péril, celui d’être abandonnées à leur quotidien de violences dans l’indifférence.
Publié le
Updated on
20.01.2016