Rapport d'enquête : "Une page se tourne", espoirs pour la liberté de la presse au Niger et en Guinée
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Alors que la situation politique demeure fragile en Guinée, après l'attentat à l'arme lourde commis, le 19 juillet 2011, contre la résidence privée du président Alpha Condé, ainsi qu'au Niger, où plusieurs militaires viennent d'être arrêtés pour "tentative de renversement du régime" et "tentative d'assassinat" du président Mahamadou Issoufou, Reporters sans frontières rend public un rapport d'enquête sur l'état de la liberté de la presse dans ces deux pays.
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Ce rapport, qui fait suite aux missions menées à Conakry du 22 au 27 mai 2011 et à Niamey du 26 au 30 juin 2011, décrit les récentes transitions démocratiques de ces deux pays comme des périodes favorables à la liberté de la presse. Il évalue la situation actuelle et présente les défis à venir.
Concernant la Guinée, Reporters sans frontières déplore que les trois lois sur la presse promulguées pendant la transition ne soient toujours pas appliquées. L'organisation dénonce le manque de volonté des nouvelles autorités pour défendre la liberté de la presse et s'inquiète des nombreuses mesures liberticides prises par le Conseil national de la communication (CNC, organe de régulation des médias). Dernier exemple en date, le CNC a interdit, le 26 juillet, "à tous les organes d'information publics et privés" d'évoquer l'attentat contre le président Alpha Condé. Une décision qui viole la Constitution du pays consacrant la liberté de la presse comme une liberté fondamentale, et qui revient à instaurer une censure préalable. Reporters sans frontières se joint aux associations de la presse locale pour demander au CNC d'annuler cette décision.
Au Niger, le bilan est beaucoup plus positif. Les atteintes à la liberté des médias sont devenues rares. Le gouvernement du président Mahamadou Issoufou a affiché sa volonté de respecter la liberté de la presse. La situation reste cependant fragile, comme le rappelle le bref emprisonnement d'un journaliste de l'hebdomadaire Le Canard Déchaîné, les 21 et 22 juillet, malgré la loi sur la dépénalisation des délits de presse. Le pays peut devenir un modèle régional de bonne gouvernance et de respect de la liberté des médias, mais il doit d'abord consolider ses acquis.
En conclusion, Reporters sans frontières recommande notamment au président de la République de Guinée, Alpha Condé, d'affirmer publiquement son attachement à la liberté de la presse et au respect du pluralisme des médias, au secrétaire général du gouvernement de transmettre sans délai les trois lois de 2010 à la Cour suprême qui examinera leur conformité à la Constitution et permettra leur publication au Journal officiel, et au gouvernement de veiller à ce que la Radio-Télévision Guinéenne (RTG) reste un média de service public dans lequel se reconnaît l'ensemble de la société guinéenne.
S'agissant du Niger, l'organisation demande aux plus hautes autorités de l'Etat de poursuivre leurs efforts et de confirmer leur engagement en faveur de la liberté de la presse, au gouvernement d'envisager des mesures susceptibles d'améliorer l'environnement des organes de presse, et aux journalistes d'avoir conscience de la responsabilité que leur impose leur mission d'information.
Photos : à gauche, le président guinéen Alpha Condé (AFP/Pascal Guyot) et à droite, le président nigérien Mahamadou Issoufou (AFP/Seyllou)
Publié le
Updated on
20.01.2016