Rapport alarmant en Géorgie : à la veille des élections législatives, RSF et ses partenaires appellent au respect des engagements du pays pour des médias libres et une information fiable

La dérive de la démocratie géorgienne atteint désormais l’un de ses piliers, la liberté de la presse. En amont des élections législatives du 26 octobre, Reporters sans frontières (RSF) et les neuf organisations partenaires de la Plateforme pour la sécurité des journalistes du Conseil de l'Europe publient un rapport et des recommandations pour garantir la sécurité des journalistes et le droit des citoyens à une information fiable. 

En Géorgie, l’extrême polarisation des médias, la législation de plus en plus répressive et la violence verbale ou physique, empêchent les journalistes de travailler sereinement. Les institutions, étatiques ou non, sont souvent instrumentalisées pour discréditer la société civile et les médias critiques à l'égard du gouvernement. Ce contexte hostile, et l’impunité dont jouissent les auteurs et les responsables des violences et intimidations, menacent gravement le droit des citoyens à une information fiable.

Intitulé Press Freedom and the Safety of Journalists in Peril, Rising Polarisation and a Climate of Fear (“Liberté de la presse et sécurité des journalistes en péril, polarisation croissante et climat de peur”), le rapport de RSF et des neuf organisations non gouvernementales (ONG) partenaires de la Plateforme pour la sécurité des journalistes du Conseil de l'Europe, épingle la détérioration de la liberté de la presse. Il est le fruit d’une mission organisée dans la capitale géorgienne, Tbilissi, les 1er et 2 octobre 2024, pour rencontrer des représentants de médias locaux, d’ONG de défense de la liberté de la presse, de groupes politiques, de la communauté internationale, de la Commission des communications et du Défenseur public, et ainsi émettre des recommandations pour améliorer la situation.

“Menaces, harcèlement, insultes, procédures judiciaires abusives, surveillance… Nous assistons à une multiplication des intimidations contre les journalistes, comme décrit dans ce rapport. Face à cette dérive choquante et aux campagnes de désinformation pro-russes, RSF appelle à un sursaut démocratique. Les partis politiques en lice pour l’élection, particulièrement le Rêve géorgien au pouvoir, doivent garantir le respect des engagements du pays pour la sécurité des journalistes et le droit des citoyens à une information fiable.

Jeanne Cavelier
Responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF

Suspendus au résultat des législatives, les médias indépendants rencontrés durant la mission de RSF et de ses partenaires ont fait part d’un très fort sentiment d’insécurité. La loi sur la “transparence de l’influence étrangère”, copiée sur la législation russe, menace particulièrement leur existence et celle des organisations de la société civile. Entrée en vigueur en août, elle stigmatise les médias et les ONG recevant au moins 20 % de financement international comme étant des agents de l’étranger. Cette loi leur impose également des lourdeurs administratives et potentiellement de devoir dévoiler un large éventail de données personnelles ainsi que les sources des journalistes. Quasiment tous les médias concernés ont refusé de s’inscrire sur le registre du ministère de la Justice et risquent ainsi de recevoir des amendes, dont ils pourront difficilement s’acquitter. RSF et ses partenaires recommandent d’abroger cette loi qui contrevient aux standards internationaux et a provoqué le gel du processus d'adhésion de la Géorgie à l’Union européenne.

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