Raid contre une chaîne de télévision privée qui diffusait une émission sur le président sortant
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Reporters sans frontières condamne le raid brutal mené par le State Security Service (SSS, services de renseignements intérieurs) contre la chaîne privée African Independent Television (AIT), le 17 avril 2007.
"Alors que différents scrutins doivent se tenir cette année, le gouvernement fédéral bafoue impunément la loi pour contrôler l'information et faire taire les médias qui le dérangent. Ces descentes brutales et répétées sont un signe inquiétant pour la démocratie au Nigeria. Elles ne font qu'aggraver le climat de violence et radicalisent les positions", a déclaré l'organisation.
Quarante-huit heures après qu'un incendie d'origine indéterminé avait endommagé ses bureaux de Lagos, les locaux d'AIT à Abuja ont été pris d'assaut le 17 avril dans l'après-midi par un commando du SSS. Les agents des forces de sécurité ont ordonné à tout le personnel de se mettre à terre, sous la menace d'armes à feu. Avant de quitter les lieux, les agents du SSS ont emporté plusieurs cassettes prêtes pour la diffusion, dont celle qui passait alors à l'antenne, consacrée à une histoire des huit ans de pouvoir civil du président sortant, Olusegun Obasanjo.
Le 14 mai 2006, des membres du SSS avaient déjà fait irruption dans les locaux de AIT et saisi la cassette d'un film intitulé "Un documentaire sur la prolongation du maintien en fonction" ("A Documentary on Tenure Elongation"), évoquant les tentatives ratées des précédents dirigeants nigérians de se maintenir au pouvoir. Gbenga Aruleba, l'animateur de l'émission “Focus Nigeria” dans laquelle des personnalités politiques sont invitées à débattre de l'actualité du pays, avait été arrêté et détenu 48 heures.
Le SSS, habitué des opérations commandos contre la presse privée, a été classé par Reporters sans frontières en 2005 dans sa liste des ”prédateurs de la liberté de la presse”.
Par ailleurs, le 11 avril, huit membres des forces de sécurité nigérianes avaient fait irruption dans les locaux de la radio privée Link FM et de la chaîne de télévision GTV, dans le quartier Ketu, à Lagos. Ils avaient ordonné aux employés de quitter les locaux et placé des scellés sur les portes, expliquant obéir à "un ordre venu d'en haut". Depuis cette date, les scellés n'ont pas été levés.
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Updated on
20.01.2016