Quinze jours de prison ferme pour avoir critiqué publiquement la politique sécuritaire du gouvernement

Le 10 février, le procureur général de la Cour de sûreté de l’Etat a convoqué Mwaffaq Mahadin, éditorialiste au quotidien Al-Arab Al-Yawm, et Soufian Tell, spécialiste des questions environnementales, suite à leurs critiques publiques relatives à la coopération des services de renseignements jordaniens avec les Etats-Unis dans sa lutte contre Al-Qaïda. A l’issue de cette convocation, le procureur a ordonné leur incarcération pour une durée de quinze jours au pénitencier d'Al-Juweida (15 km au sud d'Amman). « Cette décision montre combien il est difficile pour les Jordaniens de critiquer le gouvernement et ses choix en matière de politique étrangère et de coopération. Emprisonner des citoyens pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression est archaïque », a déclaré Reporters sans frontières. Lors d’un débat sur la chaîne satellitaire Al-Jazeera le 14 janvier dernier, Mwaffaq Mahadin, invité en tant que journaliste spécialiste des questions de politique intérieure et extérieure, avait critiqué la politique de coopération sécuritaire entre la Jordanie et les Etats-Unis, suite à l’attentat suicide commis par un Jordanien contre des agents de la CIA en Afghanistan, le 30 décembre dernier. Soufian Tell avait, quant à lui, critiqué sur la chaîne satellitaire Nourmina, la présence militaire de la Jordanie hors des frontières du royaume. Suite à ces déclarations, des officiers de l’armée à la retraite avaient porté plainte, estimant que les deux hommes avaient offensé le prestige de l’armée jordanienne. Mwaffaq Mahadin et Soufian Tell sont accusés d’ « action portant atteinte aux relations avec un Etat étranger, attisant le racisme, encourageant le renversement du gouvernement, et nuisant au prestige de l’Etat ». Soufian Tell est également accusé de « diffamation à l’encontre de l’armée ». L’avocat de Mwaffaq Mahadin, Riyad Al-Nouaïssa, présent lors de l’interrogatoire de son client, estime quant à lui que de telles accusations sont liées au contexte politique actuel. Il insiste sur le fait que cette décision est révélatrice de l’impossibilité pour quiconque, en Jordanie, d’exprimer un avis contraire à l’opinion officielle.
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Updated on 20.01.2016