Alors que le Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI) touche à sa fin, les sept personnalités tunisiennes du "mouvement du 18 octobre" ont annoncé, lors d'une conférence de presse le 18 novembre 2005 , qu'elles avaient pris la décision de mettre un terme à leur grève de la faim.
Alors que le Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI) touche à sa fin, les sept personnalités tunisiennes du "mouvement du 18 octobre" ont annoncé, lors d'une conférence de presse le 18 novembre 2005 , qu'elles avaient pris la décision de mettre un terme à leur grève de la faim.
La conférence de presse s'est tenue dans le bureau de Me Ayachi Hammami, qui a servi de local aux grévistes de la faim durant ces 32 derniers jours. Les sept hommes ont annoncé que leur grève de la faim n'avait plus lieu d'être puisqu'ils considèrent qu'elle a amplement atteint ses objectifs. Selon eux, elle a même, par certains côtés, dépassé leurs attentes.
Ces personnalités tunisiennes, représentant la société civile et l'opposition, avaient entamé, le 18 octobre, une grève de la faim illimitée pour exiger le respect de la liberté d'expression et d'association en Tunisie, ainsi que la libération de tous les prisonniers politiques. Le fait qu'elles aient pris la décision de cesser leur grève de la faim ne signifie pas pour autant qu'elles aient renoncé à leurs exigences. Mokhtar Yahyaoui, le président du Comité tunisien pour l'indépendance de la justice, a d'ores et déjà annoncé la création imminente d'un comité national qui regroupera tous les mouvements d'opposition, assurera le suivi de leurs revendications et instaurera un dialogue national.
Reporters sans frontières soutient cette initiative, qui devrait permettre la mise en place d'une plus grande liberté d'expression en Tunisie, et a tenu à "saluer le courage de ces sept personnalités, qui sont parvenues à donner naissance à un mouvement sans précédent en Tunisie. "
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08.11.2005 Reporters sans frontières rend visite aux grévistes de la faim : "les autorités doivent impérativement cesser de leur tourner le dos"
Un représentant de Reporters sans frontières s'est rendu, les 6 et 7 novembre, à Tunis, pour rencontrer les sept personnalités de l'opposition politique et de la société civile en grève de la faim depuis le 18 octobre 2005.
"Les autorités tunisiennes doivent entendre les revendications légitimes des grévistes. Ces derniers ne demandent qu'une chose : plus de liberté. Le président Ben Ali doit cesser de leur tourner le dos et commencer à les écouter", a déclaré Reporters sans frontières.
"Nous sommes inquiets pour l'état de santé des grévistes. Trois d'entre eux ont passé, le 7 novembre, des électrocardiogrammes et tous risquent de souffrir rapidement de problèmes rénaux et cardiaques. Nous appelons également les chancelleries étrangères qui ne l'ont pas encore fait, et notamment la diplomatie française, à leur rendre visite", a ajouté l'organisation de défense de la liberté de la presse.
Huit personnalités tunisiennes représentant la société civile et l'opposition ont entamé, le 18 octobre 2005, une grève de la faim illimitée pour exiger le respect de la liberté d'expression et d'association en Tunisie, ainsi que la libération de tous les prisonniers politiques. L'un d'eux a recommencé à s'alimenter après deux semaines, pour des raisons médicales.
"Cette grève est illimitée. Mais, si nous estimons que cette action a suscité la naissance d'un mouvement durable et structuré de contestation dans tout le pays, alors nous cesserons peut-être", a expliqué Néjib Chabbi, secrétaire général du Parti démocratique progressiste (PDP), l'un des grévistes. "Nous sommes déjà contents parce qu'aujourd'hui il existe des mouvements de soutien dans plusieurs régions du pays. C'est encourageant", a-t-il ajouté.
"Aujourd'hui, en Tunisie, nous vivons avec le SMIG de la liberté. En dessous de ça, c'est la dictature, a déclaré Hamma Hammami, porte-parole du Parti communiste ouvrier tunisien (PCOT). Nous avons décidé de nous mettre en grève de la faim, car nous n'avons pas d'autres moyens pour nous exprimer. Les manifestations sont interdites et la presse est totalement muselée. La seule chose que le président Ben Ali ne contrôle pas, c'est notre volonté et notre corps."
"Nous avons pu démontrer qu'il existe une véritable opinion publique en faveur des libertés et de la démocratie. Et cela nous réjouit", a souligné Mokhtar Yahyaoui, un troisième gréviste.
Par ailleurs, Reporters sans frontières a rencontré, le 7 novembre, Fethi Touzri, le coordinateur du comité médical mis en place pour surveiller l'état de santé des grévistes. "Trois d'entre eux sont dans un état inquiétant qui nécessite des explorations cliniques plus poussées. Leur taux d'amaigrissement a atteint près de 12 % et on estime qu'à 20 % on franchit la zone rouge", a déclaré le médecin. "Ils risquent de tous souffrir très rapidement de problèmes cardiaques, rénaux et de déshydratation. L'eau et le sucre qu'ils absorbent ne sont plus suffisants après trois semaines de grève de la faim", a-t-il ajouté.
Le 8 novembre, un huissier de justice s'est présenté au bureau de Maître Ayachi Hammami, qui sert de local aux grévistes de la faim, pour ordonner le rétablissement du cabinet d'avocat dans les 24 heures. Selon l'huissier, la propriétaire du logement a demandé que son bien ne soit pas utilisé à d'autres fins.
Les sept grévistes de la faim sont :
- Lotfi Hajji, 43 ans, président du Syndicat des journalistes tunisiens (SJT) ;
- Mokhtar Yahyaoui, 53 ans, magistrat et président du Comité tunisien pour l'indépendance de la justice ;
- Néjib Chabbi, 62 ans, secrétaire général du Parti démocratique progressiste (PDP, opposition) ;
- Mohamed Nouri, 66 ans, avocat et président de l'Association internationale de soutien aux prisonniers politiques (AISPP) ;
- Samir Dilou, 39 ans, avocat et ancien prisonnier politique ;
- Ayachi Hammami, 46 ans, avocat et secrétaire général de la section de Tunis de la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH) ;
- Hamma Hammami, 53 ans, porte-parole du Parti communiste ouvrier tunisien (PCOT).
Abderraouf Ayadi, vice-président du Congrès pour la République (CPR, opposition), a cessé sa grève de la faim après deux semaines.
Reporters sans frontières dispose d'images audiovisuelles et de photos libres de droit des grévistes de la faim.