Une trentaine de militants de Reporters sans frontières ont manifesté à l'ouverture du Salon du chocolat à Paris, afin d'attirer l'attention des visiteurs sur les investigations que menait Guy-André Kieffer au moment de son enlèvement, le 16 avril 2004 à Abidjan.
Une trentaine de militants de Reporters sans frontières et du comité "Vérité pour Guy-André Kieffer", accompagnés de l'épouse et de membres de la famille du journaliste, ont manifesté à l'ouverture du Salon du chocolat qui se tient à Paris, du 28 octobre au 1er novembre 2006, afin d'attirer l'attention des visiteurs sur les investigations que menait Guy-André Kieffer au moment de son enlèvement, le 16 avril 2004 à Abidjan.
Les militants ont notamment collé des bandes de ruban adhésif et des autocollants autour du pavillon de la Côte d'Ivoire, et distribué des tracts, sur lesquels figure le visage du journaliste sous le titre : "En Côte d'Ivoire, le cacao peut tuer : que savait Guy-André Kieffer ?"
"Deux ans et demi d'enquête, après le lâche kidnapping organisé par des proches de la présidence, ont permis d'ébaucher un scénario terrifiant : Guy-André Kieffer en savait trop sur les manoeuvres du clan au pouvoir et sur l'argent du cacao, dont la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial. Les visiteurs du Salon du chocolat doivent savoir que derrière les apparences, le marché du cacao ivoirien cache de bien sordides affaires", a déclaré Reporters sans frontières.
Le texte distribué aux visiteurs du Salon du chocolat est le suivant : "Le journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer a été kidnappé sur le parking d'un supermarché d'Abidjan, le 16 avril 2004, après être tombé dans un guet-apens tendu par un membre de l'entourage du président Laurent Gbagbo. Depuis, sa famille et ses proches n'ont reçu de lui aucun signe de vie.
Les investigations menées par un juge français ont révélé que ce journaliste, spécialiste des matières premières, enquêtait sur des détournements de fonds au sein de la filière café-cacao en Côte d'Ivoire. Il dérangeait le pouvoir en place en révélant sa face cachée et son approvisionnement en argent sale, le nerf de la guerre.
Que savait Guy-André Kieffer ? Que le cacao peut tuer. Que l'argent du chocolat est mêlé de sang. Qu'un journaliste peut payer très cher sa volonté de faire connaître la vérité. Au nom de ce journaliste, nous aussi, exigeons de connaître la vérité."
L'utilisation "militante" de ce ruban adhésif a été inspirée par le "Free Tibet Project" : www.freetibetproject.com
Rappel des faits
Guy-André Kieffer, journaliste indépendant basé à Abidjan, a été vu pour la dernière fois le 16 avril 2004 vers 13 heures dans un centre commercial de la capitale. Il a travaillé pour le quotidien économique français La Tribune, de 1984 au début de l'année 2002. Installé à Abidjan depuis cette date, Guy-André Kieffer travaillait comme journaliste indépendant, et collaborait à La lettre du Continent et plusieurs journaux ivoiriens.
Michel Legré, beau-frère de Mme Simone Gbagbo et dernière personne à avoir vu Guy-André Kieffer avant sa disparition, a été mis en examen le 21 octobre 2004 par le juge d'instruction Patrick Ramaël pour “enlèvement et séquestration”. Il est aujourd'hui placé en résidence surveillée à Abidjan, après un an et demi de détention. Le juge Ramaël a demandé à pouvoir l'entendre en France. Aucune suite n'a pour l'instant été donnée à cette requête. Jean-Tony Oulaï, un ressortissant ivoirien se disant “ex-capitaine” de l'armée, et que certains témoins accusent d'avoir supervisé l'enlèvement du journaliste, a également été mis en examen pour “enlèvement et séquestration” en janvier 2006 en France et placé sous contrôle judiciaire.