Que cesse la répression, que sortent de prison tous les journalistes et blogueurs détenus

Malgré certains gestes d’ouverture de la part du régime, la répression contre les médias et les journalistes continue en Iran. L’hebdomadaire Shahrvand Emrouz et le quotidien Roozegar ont été suspendus le 5 septembre 2011. Reporters sans frontières condamne la répression contre la liberté d’expression et les manifestations non violentes dans les villes d’Oromieh et Tabriz, ainsi que l’arrestation de net-citoyens et de journalistes. La Commission d’autorisation et de surveillance de la presse, organe de censure du ministère de la Culture et de l’Orientation islamique, a ordonné, le 5 septembre, la suspension de l’hebdomadaire Shahrvand Emrouz, pour "insulte envers des dirigeants du pays". Selon la Commission, le journal ne serait autorisé à publier que des articles liés à l’actualité culturelle et sociale. Lancé en mars 2007 par Mohamad Atrianfar, et suspendu en novembre 2008, Shahrvand Emrouz avait repris sa publication en juillet 2011 avec une nouvelle équipe. Quant à Roozegar, il a été suspendu pour deux mois, sur ordre de la 9e chambre du parquet de Téhéran, pour "publicité contre le régime" et "publication de sujets confidentiels". Interdit en 2007, le quotidien avait recommencé à paraître en février 2010. Depuis deux semaines, le refus du parlement d’examiner le projet de sauvegarde du lac d’Oromieh, classé réserve mondiale par l’UNESCO, a provoqué des manifestations et protestations dans les villes de la province d’Azerbaïdjan, notamment d’Oromieh et Tabriz. La police et les Gardiens de la Révolution ont sévèrement réprimé ces manifestations, placées sous le signe de la non-violence. Une centaine de personnes ont été arrêtées, parmi lesquelles des net-citoyens et des journalistes. Rahim Gholami, collaborateur de plusieurs journaux locaux, a été arrêté le 30 août dans la ville d’Ardabil (nord-ouest de l’Iran) avec certains activistes pour avoir protesté contre l’immobilisme du pouvoir iranien au sujet de la disparition du lac d’Oromieh. Ce journaliste avait été déjà arrêté à plusieurs reprises. Le 29 octobre 2009, il avait été condamné à un an de prison par la première chambre du tribunal révolutionnaire d’Ardabil, pour “publicité contre le régime”. Il avait été libéré, le 15 octobre 2010. Faranak Farid, écrivain, traductrice et collaboratrice du site de l’Ecole féministe, a été arrêtée le 3 septembre dernier à Tabriz. Les motifs de ces arrestations n’ont pas été officiellement révélés. Par ailleurs, si Reporters sans frontières salue la libération de dizaines des prisonniers politiques en Iran au cours des dernières semaines, notamment celle de deux blogueurs, l’organisation exige la libération sans condition de tous les journalistes et blogueurs emprisonnés en Iran. Malgré la libération de dizaines des prisonniers politiques « grâciés » par le Guide suprême à l’occasion de la fête religieuse organisée à la fin du Ramadan, vingt-cinq journalistes et seize net-citoyens sont toujours derrière les barreaux. L’Iran demeure l’une des plus grandes prisons du monde pour les professionnels des médias. La plupart des prisonniers libérés étaient en fin de peine, ou pouvaient bénéficier de la disposition prévue par la loi iranienne en matière de libération conditionnelle. Cela a été le cas pour deux net-citoyens, Mohammad Pour Abdullah et Amir Aslani ainsi que le journaliste Kivan Farzin, libérés le 30 août 2001. Mohammad Pour Abdullah, directeur du blog Pishro (Avant-garde), avait été arrêté le 12 janvier 2008 et condamné, le 14 décembre 2009, par la 15e chambre du tribunal de la Révolution de Téhéran, à six ans de prison ferme pour “publicité contre le régime et action contre la sécurité nationale”. Deux mois plus tard, la 36e chambre de la cour d’appel de Téhéran avait réduit cette peine à trois ans de prison ferme. Légalement, les prisonniers qui ont purgé la moitié de leur peine peuvent bénéficier d’une libération conditionnelle. Le 12 janvier 2009, les autorités judiciaires avaient rejeté sa demande dans ce sens. Amir Asslani, étudiant et PDG d’une société d’informatique, a été arrêté le 8 août 2009, par des hommes en civil, devant son lieu de travail. Il a passé plus de 250 jours à l’isolement dans la prison d’Evin. Il avait été condamné à quatre ans de prison pour "envoi d’emails". Kivan Farzin, journaliste de Farhangh é ahangh, arrêté le 5 janvier 2010, avait été condamné à deux ans de prison ferme par la 28e chambre du Tribunal de la Révolution de Téhéran pour “action contre sécurité nationale”.
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Updated on 20.01.2016