Quatre ans après les faits, trois accusés de l’assassinat d’un cameraman sont curieusement acquittés
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Inculpés en janvier 2010 pour l’assassinat, le 7 août 2008, du cameraman de la chaîne Teleunión Normando García (photo), Jaime Flete García, chef d’entreprise, José Amauris Santiago et José Agustín Espinal, ont été acquittés des charges jusqu’alors retenues contre eux, le 1er mars 2012.
“Nous sommes désagréablement surpris de cette décision, alors que le mobile de l’assassinat de Normando García paraissait établi. En admettant même l’insuffisance de preuves contre les trois accusés, pourquoi le tribunal chargé de statuer sur le fond de l’affaire a-t-il écarté le témoignage du principal enquêteur ? Des pressions ont-elles été exercées par le magistrats ? Ces seules questions justifient l’appel que compte interjeter le parquet contre ce revers judiciaire”, a déclaré Reporters sans frontières.
A l’issue d’une précédente audience, le 28 août 2010, Jaime Flete García, José Amauris Santiago et José Agustín Espinal avaient obtenu la libération conditionnelle en contrepartie d’une caution d’environ 130 000 dollars, de l’interdiction de sortir du pays, et de l’obligation de se présenter périodiquement devant les autorités juridictionnelles de Santiago de Los Caballeros.
Considérant cette fois les preuves insuffisantes, le tribunal collégial du district judiciaire de la même ville à déclaré innocents le chef d’entreprise, signalé comme commanditaire du crime, ainsi que les deux autres hommes, désignés comme les auteurs des coups de feu mortels contre Normando García et un chauffeur de taxi avec lequel il conversait au moment du drame. La procureur Luisa Liranzo a annoncé son intention de faire appel de ce verdict, le témoignage du colonel de police et responsable de l’enquête, Roberto Salcedo, n’ayant pas été recueilli lors de l’audience.
Dans le cadre de son activité professionnelle, Normando García avait diffusé des vidéos révélant l’implication de Jaime Flete García dans une affaire d’agression commise au sein de sa propre entreprise. L’entrepreneur, aux prises avec un tiers pour un différend financier, avait en effet obligé le vigile de l’établissement à se déclarer coupable pour des blessures infligées à ce dernier. Le cameraman, mis au courant des manœuvres de Jaime Flete García, s’était présenté devant la justice et avait témoigné à charge contre lui. Cette révélation avait conduit à des incidents dans l’entreprise et à l’agression de l’entrepreneur par son propre personnel de sécurité.
La République Dominicaine se situe à la 95e place (sur 179 pays) du dernier classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières. Un autre journaliste y a été assassiné en 2011.
Publié le
Updated on
20.01.2016