Quand les trois pouvoirs décident de s’unir contre les journalistes
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Reporters sans frontières condamne vivement la répression des autorités iraniennes envers les médias et les journalistes qui ne cesse de s’accentuer. En moins de deux semaines, deux journalistes, déjà condamnés par la justice, ont été incarcérés; un autre a été condamné à 25 coups de fouet. Par ailleurs, un mensuel a été suspendu pour deux mois. Plusieurs journalistes emprisonnés, notamment Narges Mohammadi, endurent des conditions inhumaines et dégradantes, privés de leurs droits les plus élémentaires.
Le 9 mai 2012, Mahssa Amrabadi, journaliste et épouse du journaliste emprisonné Masoud Bastani, a été arrêtée suite à une convocation du parquet de la prison d’Evin. Elle avait été condamnée, le 20 février 2012, à cinq ans de prison - dont un ferme - par la 26e chambre du tribunal de la révolution de Téhéran, pour avoir réalisé des interviews et écrit des articles dans les journaux pour soutenir son mari et demander sa libération. La journaliste avait déjà été condamnée, le 14 octobre 2010, à un an de prison ferme par la 28e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran, déjà “ pour publicité contre régime”.
Son mari, Masoud Bastani, journaliste au quotidien Farhikhteghan, est toujours en détention à la prison de Rajaishahr. Arrêté le 4 juillet 2009, il a été jugé, comme de nombreux journalistes, dans le cadre des procès staliniens organisés à Téhéran depuis août 2009. Le 1er novembre 2009, il a été condamné à six ans de prison par la 15e chambre du tribunal révolutionnaire.
Le 2 mai 2012, Reza Ansari Rad, journaliste pour plusieurs médias réformateurs, a été convoqué pour purger sa peine d’un an de prison ferme. Il avait été condamné en 2010 pour “publicité contre le régime”; peine qui avait été confirmée, en mars 2012, par la 36e chambre du tribunal d’appel de Téhéran .
Le lendemain, Mahmud Shokraieh, caricaturiste de l’hebdo Nameh Amirde la ville d’Arak (centre du pays), a été informé de sa condamnation à 25 coups de fouet, pour publication d’une caricature d’un député de la ville. Le caricaturiste avait dessiné le député comme un footballeur. Ce dernier, qui avait trouvé l’image « outrageante », avait porté plainte contre le directeur du journal et le caricaturiste. Si le directeur du journal a été acquitté, le tribunal a considéré que le dessinateur était coupable d’ “insulte”.
Le 30 avril, Seid Mohammad Mehdi Tabatabai, directeur du mensuel Nasimebidari, a été informé par le ministère de la Culture et de l’Orientation islamique de la suspension pour deux mois de son journal, suite à la décision du 29 avril 2012 du parquet de Téhéran. Le mensuel a été suspendu pour “non respect des consignes du Haut Conseil de la sécurité national”. Ce conseil envoie, en général chaque semaine, la liste des sujets à éviter suivant la conjoncture politique. Dans son dernier numéro, le journal avait publié une interview de Mohammad Khatami, ancien président réformateur de la République.
Reporters sans frontières exprime également sa vive inquiétude concernant l’état santé de Narges Mohammadi, journaliste et porte-parole du Centre des défenseurs des droits de l’homme, arrêtée le 21 avril 2012. Selon sa famille, la journaliste aurait été victime d’une crise de nerfs alors qu’elle est maintenue à l’isolement dans la section 209 de la prison d’Evin, contrôlée par le ministère des Renseignements.
Publié le
Updated on
20.01.2016