Le mardi 25 août 2015, le journaliste
Wang Xiaolu (王晓璐) travaillant pour le magazine économique indépendant
Caijing (财经) a été arrêté à son domicile de Pékin par les autorités chinoises. Il est accusé d’avoir “fabriqué et diffusé de fausses informations concernant les transactions sur les marchés boursier et à terme”. Pourquoi ? Pour avoir publié dans
Caijing le 20 juillet dernier un article intitulé “La Commission de réglementation des marchés boursiers (
China Securities Regulatory Commission, CSRC) envisage de cesser de maintenir la stabilité des marchés” (证监会研究维稳资金退出方案).
La CSRC, le gendarme officiel de la bourse, considère que cet article mis en cause est l’une des raisons de la chute de la bourse de Shanghai observée le 27 juillet dernier, préalable au krash d’août. Dès le lendemain de sa publication, l’article avait d’ailleurs fait l’objet d’un démenti de la part de la CSRC, qui l’a qualifié d’”
irresponsable”. Les autorités n’ont pas révélé si le journaliste était officiellement inculpé après son arrestation. En même temps que lui, huit salariés de l’intermédiaire financier CITIC Securities et deux employés de la CSRC ont été arrêtés. Officiellement, il a été demandé à tous de “
collaborer à l’enquête” sur des activités boursières illégales en Chine.
“
Nous réclamons la libération immédiate du journaliste Wang Xiaolu, sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui, appelle Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF).
Les accusations proférées à l’encontre du journaliste de Caijing, en plus d’être ridicules, sont symptômatiques de la volonté des autorités chinoises de contrôler la médiatisation de l’évolution des marchés boursier. Imputer à un journaliste économique la chute spectaculaire de la Bourse est contraire à la vérité. Le pouvoir chinois repousse les limites de l’absurde en mettant une crise boursière sur le dos d’un reporter.”
Les autorités chinoises ont déployé un important dispositif de censure des médias et de l’Internet autour des récentes évolutions de la Bourse. Les grands organes de presse sous l’emprise du Parti tels que le
Quotidien du Peuple, l’agence
Xinhua ou le groupe de télévision CCTV n’ont pas ou peu couvert l’évolution des marchés. Sur Internet, de nombreuses directives
ad hoc enjoignent de supprimer les articles d’analyse ainsi que tout écrit jugé trop alarmiste sur le krach de Shanghai.
La Chine occupe la
176ème place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2015 établi par Reporters sans frontières.