Andrzej Poczobut
Qualifier Alexandre Loukachenko de dictateur est risqué : depuis dix ans, une dizaine de personnes ont été condamnées à des peines de prison pour avoir ainsi « insulté » le chef de l’État bélarusse. Mais pour Andrzej Poczobut, appeler les choses par leur nom est une question de principe. Entre 2011 et 2012, la vie de ce journaliste bélarusse d'origine polonaise est rythmée par les arrestations, les perquisitions et les convocations de la justice. Pour avoir couvert les manifestations pro-démocratiques de décembre 2010, les autorités l'accusent d'y avoir participé et le condamnent d'abord à une amende, puis à deux semaines de prison. Il est frappé pendant son interrogatoire, privé d'accréditation. Il continue cependant de rédiger des articles critiques du régime pour le journal polonais Gazeta Wyborcza, des sites d'information bélarusses indépendants et son blog personnel. Le journaliste passe trois mois en détention provisoire avant d'être condamné en juillet 2011 à trois ans de prison avec sursis pour « diffamation ». Il est à nouveau arrêté l'année suivante pour des billets critiquant la réponse apportée par le gouvernement à des attentats perpétrés dans le métro de Minsk. Blanchi dans cette affaire en mars 2013, Andrzej Poczobut n'en reste pas moins en sursis, interdit de quitter le pays jusqu’à ce que cette peine soit levée à l'automne pour « bonne conduite ». Comme un pied de nez, le journaliste en profite aussitôt pour présenter à Varsovie un livre au vitriol consacré à l'ascension et au règne d'Alexandre Loukachenko : « Le Système Bélarus ».