Aksana Panova
Aksana Panova paie cher son obstination à dénoncer la corruption et l'incurie des potentats locaux de la région d'Ekaterinbourg, dans l'Oural : elle a l'interdiction d'exercer sa profession jusque fin 2015. La liberté de ton du site d'information qu'elle avait fondé en 2006 et dont elle était rédactrice en chef, Ura.ru, l'avait rapidement rendu très populaire. L'état de délabrement des routes, la lutte contre la drogue, la corruption de la police... Il couvrait les sujets les plus divers. Mais dans cette région qui compte parmi les premiers centres industriels et pétroliers du pays, les adversaires d'Aksana Panova sont puissants. Evincée d'Ura.ru, elle crée en 2012 Znak.com, où elle est rejointe par une grande partie de sa rédaction. Mais une cascade de poursuites judiciaires s'abat bientôt sur elle. Sitôt qu'une accusation se dégonfle, une autre la remplace : au terme d'un an et demi de contentieux, elle est innocentée dans deux affaires et dispensée de peine dans une troisième. Mais un homme d'affaires vient opportunément porter plainte pour des dommages qu'il aurait subis cinq ans auparavant et parvient à la faire condamner pour « extorsion de fonds » : une amende, deux ans de prison avec sursis et autant de silence journalistique.