“Cette élection est une opportunité pour les autorités de normaliser les relations du Bélarus avec la communauté internationale. Malheureusement, il semble que les dirigeants ne sont pas prêts à la saisir et que le contrôle du régime sur la vie publique se poursuit. Les médias d'Etat ne permettent pas aux candidats de l'opposition de faire passer leur message, et soutiennent outrageusement le pouvoir en place”, a déploré Reporters sans frontières.
Alors que l'Union européenne fait du bon déroulement des élections législatives du 28 septembre une condition pour une éventuelle levée des sanctions contre Minsk, Reporters sans frontières s'inquiète de la couverture médiatique de la campagne. Une étude, réalisée par l'Association des journalistes bélarusses (BAJ), organisation partenaire de Reporters sans frontières, a conclu au peu d'intérêt accordé par les médias publics à l'élection elle-même mais plus encore aux programmes des différents candidats en lice. Ainsi, les propositions de réforme sont absentes de la campagne dans les médias, ce qui prive les citoyens d'une véritable possibilité de s'informer et de voter en conscience.
“Cette élection est une opportunité pour les autorités de normaliser les relations du Bélarus avec la communauté internationale. Malheureusement, il semble que les dirigeants ne sont pas prêts à la saisir et que le contrôle du régime sur la vie publique se poursuit. Les médias d'Etat ne permettent pas aux candidats de l'opposition de faire passer leur message, et soutiennent outrageusement le pouvoir en place”, a déploré Reporters sans frontières.
Le 5 septembre 2008, la BAJ a présenté les conclusions du
cinquième volet de son analyse de la couverture médiatique des élections législatives par les médias bélarusses . Ce document porte sur la période du 23 août au 5 septembre, lors de laquelle la campagne s'est intensifiée et les candidats ont commencé à s'exprimer à la télévision et à la radio.
En dépit de cette évolution, les principaux médias publics n'ont pas accordé plus de couverture au scrutin ni à la campagne. Ils se concentrent sur les aspects techniques du scrutin, privilégiant par exemple la description du travail de la Commission électorale centrale (CEC). La radio d‘Etat bélarusse a repoussé la proposition du Parti civil uni (opposition) d'organiser un débat entre des candidats. Parmi les acteurs de cette élection, le président Alexandre Loukachenko, la CEC, les autorités locales et les observateurs étrangers, sont les plus cités. Les journaux Sovietskaya Belorussiya, Belarus Sevodnia et Respublika n'ont en revanche cité aucun autre parti politique que celui au pouvoir pendant la période concernée.
Par ailleurs, la BAJ souligne que les horaires fixés pour la diffusion des clips officiels et discours des candidats à la télévision (de 17h30 à 18h30 à Minsk et dans les grandes villes du pays) priveront, en raison des horaires de travail habituels, l'électorat urbain de la possibilité de prendre connaissance des différences entre les programmes.
Quant aux émissions spéciales consacrées à l'élection, comme sur la chaîne de télévision et de radio régionale d'Homiel (300 km au sud de Minsk) ou la chaîne LAD, elles ont principalement mis l'accent sur la description du travail des élus en place et les bons résultats obtenus par ceux-ci.
Enfin, de nombreux incidents ont émaillé la campagne. Selon l'organistaion de défense des droits de l'homme Charter97 (www.charter97), le 5 septembre, le discours d'un candidat de l'opposition a été diffusé sur la chaîne régionale de Vitebsk (Nord-Est), sans le son. Et ce, alors que les discours des candidats précédents et suivants ont été diffusés normalement. La veille, un autre candidat de l'opposition, Viktor Harbachou, a vu son allocution diffusée un quart d‘heure plus tôt que prévue. Lorsque ses partisans ont voulu l'écouter, son discours était terminé. Quant à Konstantin Zhukowski, lui aussi candidat à la députation dans l'opposition (pour le parti Chrétien Démocrate), il a été interpellé, le 9 septembre, alors qu'il enregistrait son message dans les locaux de la radio-télévision de Homiel. Le directeur général a appelé la police après avoir découvert que des membres de l‘équipe du candidat avaient enregistré l'intervention avec leur propre matériel, pour se prémunir contre une éventuelle censure.
Le Bélarus, est une ancienne république de l'URSS, dirigée d'une main de fer depuis 1994 par Alexandre Loukachenko. Depuis sa réélection à la présidence en 2006, avec plus de 80 % des voix, à l'issue d'une scrutin qualifié de “farce” par de nombreux observateurs étrangers, lui et près d'une quarantaine de dignataires ont été interdits d'entrée sur le territoire européen. Ses avoirs aux Etats-Unis et en Europe ont été gelés. En 2008, sous la pression internationale, le régime a remis en liberté plusieurs prisonniers politiques dont Alexandre Kozuline, ancien candidat à la présidence, arrêté en mars 2006 lors d'une manifestation contestant le résultat du scrutin et condamné à cinq ans et demi de prison.