Programmes en sursis à Radio Nacional, l’agression et la menace s’ajoutent à la censure
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Directeur du programme “Redpública” sur Radio Nacional, Carlos Goncalves a reçu confirmation définitive, le 17 septembre 2012, de la fin de son contrat le 30 septembre prochain. D’après les informations reçues par Reporters sans frontières, deux autres programmes de la station pourraient subir les conséquences de la purge générale au sein des médias publics. La situation s’est encore aggravée avec les menaces directes de l’entourage de l’actuel président Federico Franco contre deux femmes journalistes.
“Le manquement à la parole donnée manifesté avec les licenciements de journalistes et employés de TV Pública se vérifie à présent au sein de Radio Nacional. Six jours après le coup de force parlementaire contre le président Fernando Lugo, Judith María Vera avait été nommée à la tête de la station publique pour, en principe, garantir à la rédaction indépendance et continuité dans ses activités. Le renvoi de Carlos Goncalves dément cette intention. La prise de contrôle totale des médias publics est en marche et l’hostilité du gouvernement Franco s’étend désormais à des journalistes du secteur privé. Nous soutiendrons le cas échéant, avec le Syndicat des journalistes du Paraguay (SPP), les démarches judiciaires entreprises en réponse à ces agressions. Ces incidents, ajoutés à la censure, laissent présager d’une grave dégradation du pluralisme à l’approche des élections générales du 21 avril 2013”, a déclaré Reporters sans frontières.
Préalablement à l’annonce de son renvoi, Carlos Goncalves a été informé par le Secrétariat d’information et de communication (SICOM) du gouvernement d’une “évaluation spéciale” de “Redpública”, diffusée du lundi au vendredi, à 12h. Le journaliste, connu pour son opposition au coup de force du 22 juin, s’est rapidement aperçu qu’aucun autre programme n’était pour l’instant soumis à cette procédure.
Deux autres émissions font néanmoins, selon certaines sources, l’objet d’une attention qui pourrait signer leur fin prochaine : “Ape ha Pepe” (“ici et là-bas” en guarani) où interviennent les Paraguayens de l’étranger, et “Sununu Guyryry”. La première a subi des coupures régulières à compter du 22 juin, la seconde, dédiée à l’analyse politique et à la critique des médias, avait notamment donné la parole à des proches de victimes du massacre de Curuguaty, le 15 juin dernier.
Perte de nerfs
La dégradation du climat politique et ses conséquences sur la liberté d’informer sont également apparus avec les récentes menaces et agressions contre Nilza Ferreira et Ana Antúnez, journalistes du quotidien La Nación. Le sénateur libéral Julio César Franco, frère du chef de l’État, a averti la première de poursuites en cas de publication sur une affaire d’emploi fictif présumé. La journaliste questionnait le sénateur quant à la présence de sa femme de ménage sur une liste de personnes rémunérées par le Tribunal supérieur de justice électorale (TSJE), où l’intéressée n’occupe aucune fonction.
L’article de Nilza Ferreira a finalement été publié le 16 septembre. Interrogeant à son tour Federico Franco sur l’attitude de son frère face à sa collègue, le lendemain lors d’une conférence de presse, Ana Antúnez a subi un accès de violence des membres de l’escorte présidentielle.
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Updated on
20.01.2016