Procès fleuves au Maroc : un moyen de pression supplémentaire à l’encontre des journalistes
Au Maroc, deux procès contre des journalistes se poursuivent depuis plusieurs années sans qu’aucun jugement ne soit rendu. Reporters sans frontières (RSF) exhorte la justice marocaine à respecter la constitution et les standards internationaux en matière de délai raisonnable de la procédure.
Au Maroc, deux procès fleuves à l’encontre de journalistes se poursuivent depuis plusieurs années devant les tribunaux. Le 4 octobre prochain, Ali Anouzla, journaliste et rédacteur en chef du site d’information Lakome2, se présentera à la 9ème audience de son procès pour “appui matériel”, “apologie de terrorisme” et “incitation à commettre des actes de terrorisme”, faits pour lesquels il est poursuivi depuis 2013. Les autorités marocaines reprochent au journaliste la publication en septembre 2013 d’un article renvoyant à un lien du journal espagnol El Pais, lequel se référait à une vidéo présumée d’Al-Qaida au Maghreb islamique.
Poursuivi en vertu de la loi antiterroriste, Ali Anouzla risque 30 ans de prison. Détenu provisoirement pendant cinq semaines, il a été libéré sous caution le 25 octobre 2013. Depuis, il comparaît libre, dans l’attente de son jugement.
Le président de l’Association marocaine du journalisme d’investigation (AMJI) et de Freedom Now, Maati Monjib et six autres journalistes et activistes de droits humains comparaîtront, pour leur part, le 27 octobre 2018 devant la justice marocaine. Depuis novembre 2015, ils sont poursuivis notamment pour “atteinte à la sécurité de l’Etat” et pour “financement étrangers illégaux”, pour avoir organisé des formations en journalisme d’investigation sous l’égide de l’AMJI. Déjà reporté 11 fois, le procès pourrait aboutir à leur condamnation entre un et cinq ans de prison, selon l’article 206 du code pénal marocain.
“La lenteur excessive de la justice à l’encontre de ces journalistes constitue une pression psychologique supplémentaire, déclare RSF. Nous exhortons la justice marocaine à respecter l’article 120 de la constitution qui dispose que toute personne a droit à un jugement rendu dans un délai raisonnable ainsi que les standards internationaux en matière de procès équitable. Il est aujourd’hui temps que la justice rende son verdict dans ces deux procès et reconnaisse l’innocence de ces journalistes.”
Le Maroc se situe à la 135e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse en 2018.