Procès d'Ech-Chourouk : Reporters sans frontières dénonce un réquisitoire scandaleux
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Reporters sans frontières est consternée par l'aggravation des peines réclamées en appel à l'encontre d'Ali Fodil et Naïla Berrahal, respectivement directeur et journaliste du quotidien arabophone Ech-Chourouk, dans le procès en diffamation qui les oppose au président libyen Mouammar Kadhafi. Le 21 mars 2007, le procureur près la cour d'appel d'Alger a requis douze mois de prison ferme et 500 000 dinars (5 500 euros) d'amende contre les deux journalistes, ainsi que la suspension du journal pour une durée d'un an.
“Les journalistes algériens travaillent sans protection. Les termes du code de la presse, que les autorités refusent toujours de modifier, sont vagues et susceptibles d'être interprétés selon le bon vouloir des magistrats. Les professionnels des médias ne sont pas traités équitablement par la justice, qui continue avant tout de servir les intérêts du pouvoir”, a déclaré l'organisation.
Début octobre 2006, la représentation libyenne à Alger avait déposé, au nom du président Mouammar Kadhafi, une plainte en diffamation à l'encontre d'Ali Fodil et Naïla Berrahal. La plainte visait deux articles, publiés en aouû dans le journal Ech-Chourouk, qui traitaient de l'implication du président Kadhafi dans des tractations avec la communauté touarègue d'Algérie ayant conduit à des tensions dans la région. Le président libyen remettait en cause la véracité des informations contenues dans ces articles, qui, selon lui, avaient “porté atteinte à sa personne, à l'Etat libyen et à la sécurité des Etats algérien et libyen”.
En première instance, le 31 octobre 2006, le tribunal d'Hussein-Dey (banlieue est d'Alger) avait condamné les journalistes à six mois de prison ferme, 20 000 dinars (220 euros) d'amende et 500 000 dinars (5 500 euros) de dommages et intérêts. Le juge s'était inspiré de l'article 144 bis du code pénal relatif au délit de diffamation envers le chef de l'Etat, délit passible de 12 mois de prison. Le tribunal avait également prononcé la suspension du quotidien Ech-Chourouk pendant deux mois.
Ali Fodil et Naïla Berrahal avaient fait appel de ce jugement, qualifié par leur avocat, Me Khaled Bergheul, de “très sévère par rapport aux faits”. L'appel étant suspensif de la peine, les journalistes ont pu rester en liberté dans l'attente d'un nouveau jugement. La cour d'Alger doit rendre son arrêt le 4 avril 2007.
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Updated on
20.01.2016