Procès de Taoufik Ben Brik : Verdict le 26 novembre La France défend-elle encore les droits de l’homme ?

Alors que les agresseurs du journaliste Slim Boukhdhir courent toujours, le procès pour “agression“ de Taoufik Ben Brik s’est ouvert aujourd’hui, jeudi 19 novembre 2009, au palais de justice de Tunis. Après deux heures de plaidoiries, le juge a repoussé le verdict au 26 novembre.

« Il est absolument scandaleux qu’aucun représentant des chancelleries européennes n’ait daigné être présent aujourd’hui au procès. Certes, le ministre belge des Affaires étrangères a réagi clairement et courageusement, tandis que Bernard Kouchner se limitait à des déclarations timides. Mais la présence de diplomates aurait constitué un geste fort pour signifier aux autorités tunisiennes que la communauté internationale est attentive », s’est indigné Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières.

« J’accuse la police politique. C’est Ben Ali et ses services spéciaux qui ont monté cette scène, parce que j’ai fait une fausse interview de Ben Ali », a vivement protesté Taoufik Ben Brik lors de l’audience. Interrogé par le juge sur ses “aveux“, le journaliste a répondu : « Non, ce n’est pas moi, c’est une autre signature. Mes avocats ont d’ailleurs porté plainte pour faux. Dans cette affaire, je suis l’otage de Ben Ali. »

Une délégation d’observateurs internationaux, composée de la députée européenne, Hélène Flautre, de Jean-François Julliard, et de l’avocat William Bourdon du Barreau de Paris, a pu entrer dans le palais de justice. Trois membres de la famille de Taoufik Ben Brik ont également pu assister au procès.

Toutefois, les journalistes tunisiens et les militants des droits de l’homme, dont Sihem Ben Sedrine, ont été refoulés à l’entrée. Une équipe de télévision de France 3 s’est également vu interdire l’accès au tribunal, alors même que les journalistes s’étaient enregistrés auprès de l’ATCE, Agence tunisienne de communication extérieure.

Arrêté le 29 octobre 2009 pour une affaire montée de toutes pièces, Taoufik Ben Brik a été placé sous mandat de dépôt pour “atteinte aux bonnes mœurs“, “diffamation“, “agression“ et “détérioration des biens d’autrui“. Il risque jusqu’à cinq ans de prison ferme. Par ce procès, les autorités tunisiennes lui font payer ses articles pour le Nouvel Observateur et le site Mediapart. Lire précédents communiqués

Par ailleurs, les journalistes de l’hebdomadaire d’opposition Al-Maoukif ont été empêchés par la police d’entrer dans les locaux de leur rédaction à Tunis. « C’est la première fois depuis la création du journal, en 1984, qu’on ne peut pas entrer dans nos bureaux. C’est du jamais vu ! », a déclaré Rachid Khechana, le directeur de publication, à Reporters sans frontières. « Ils doivent avoir peur que les représentants de Reporters sans frontières et Hélène Flautre ne tiennent un point presse à la rédaction à l’issue du procès. »

Même procédé pour le journal Al-Tariq Al-Jadid (La nouvelle voie) du parti Ettajdid : deux journalistes ont pu entrer tôt ce matin à la rédaction, mais ils ont été avertis par des policiers que s’ils sortaient, ils ne pourraient plus entrer dans les locaux. Les autres journalistes ont été empêchés d’entrer par un cordon de police qui bloque l’entrée du bâtiment.

Lire les communiqués sur Taoufik Ben Brik:
- manifestation de soutien organisée le 18 novembre à Paris
- Le poème "Le Poète et le Tyran" écrit depuis la prison de Mornaguia
- Conférence de presse avec Cécile Duflot le 5 novembre 2009
Publié le
Updated on 20.01.2016