Procès de deux journalistes pour diffamation et vague d'interpellations

Reporters sans frontières appelle à la clémence les juges irakiens envers deux journalistes du journal Sada Wasit dont le procès s'est ouvert hier à Bagdad. Ayad al-Tamimi, rédacteur en chef, et Ahmed Mutare Abass sont accusés de "diffamation" et de "calomnie" envers la police locale, les autorités judiciaires et administratives de Al-Kout, au sud de la capitale. Ils risquent d'être condamnés à une lourde peine d'emprisonnement. Les deux journalistes sont poursuivis pour la publication en 2005 de plusieurs articles dont une critique du système judiciaire et une enquête sur la corruption au sein des forces de police irakiennes. Arrêtés le 12 avril 2005 sur ordre du maire de Kawit, ils ont déjà été condamnés par le tribunal d'Al-Kout et ont purgé une peine de six mois de prison. Les deux journalistes font face à quatre différents chefs d'accusation définis dans l'article 226 du code pénal irakien. Craignant la partialité des juges de Al-Kout, Ayad al-Tamimi et Ahmed Mutare Abass n'ont eu de cesse de réclamer le transfert de leur dossier devant les tribunaux de Bagdad. Leur requête a finalement été acceptée. "La situation de ces deux journalistes reflète le climat actuel en Irak, peu propice au développement d'une presse véritablement indépendante", a affirmé Reporters sans frontières. Ainsi, les interpellations de journalistes se multiplient depuis le début du mois d'août, surtout au Kurdistan irakien. Une douzaine de journalistes couvrant des manifestations pacifiques dans la région de Sulaimaniya (ville la plus importante du Kurdistan) ont été interpellés et placés en garde à vue, parfois pour plusieurs heures. Des cas de destruction de matériel photographique par les forces de police ont été rapportés et un correspondant d'Associated Press dans la région s'est vu interdire par les autorités de couvrir les manifestations. Dimanche 13 août, sept autres journalistes ont été arrêtés au cours d'une manifestation à Sulaimaniya. Aujourd'hui, deux d'entre eux étaient encore placés en détention. Un appel lancé par un groupe local de défense des journalistes laisse espérer une libération rapide. Si les journalistes sont placés en garde à vue pendant quelques heures seulement, cette pratique systématique constitue une entrave au travail de la presse au quotidien.
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Updated on 20.01.2016