Malgré plusieurs saisies et arrestations, les émissions de cette radio libre continuent sur Internet et sur les ondes de façon clandestine et irrégulière. Ses animateurs, prochainement jugés, risquent des peines de prison.
Le procès des animateurs de la station libre Citizens' Radio et des personnes accusées d'avoir collaboré aux diffusions illégales, a été reporté. En outre, le procureur a déclaré que l'enquête continuait et que d'autres personnes pourraient être déférées devant le tribunal. L'audience du 18 novembre a donc été ajourné au 15 décembre.
Tsang Kin-shing, Lo Chau, Poon Tat-keung, Chan Miu-tak et Yang Xuang risquent des peines de prison.
Reporters sans frontières regrette que la justice hongkongaise n'abandonne pas les charges retenues contre les prévenus, leur unique crime étant d'avoir tenté d'apporter un peu plus de pluralisme sur les ondes.
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14.11.2006
Les animateurs de Citizens' Radio risquent la prison
L'Autorité des télécommunications de Hong Kong (Office of the Telecommunications Authority-OFTA) tente de faire cesser par tous les moyens la diffusion de la radio libre Citizens' Radio. Malgré plusieurs saisies et arrestations, les émissions continuent sur Internet et sur les ondes de façon clandestine et irrégulière. Ses animateurs, prochainement jugés, risquent des peines de prison.
"Certes les animateurs de Citizens' Radio ne respectent pas la loi car ils émettent sans licence, mais il serait choquant qu'ils soient condamnés à une quelconque peine de prison ou à une forte amende. Leur unique but est d'accroître le pluralisme de l'information à Hong Kong. Cette affaire devrait plutôt inciter les autorités de la Région administrative spéciale à réfléchir à garantir une plus grande diversité sur les ondes, même quand il s'agit de voix dissidentes. Nous nous associons à l'appel à la clémence de la Hong Kong Journalists Association afin que la justice abandonne les charges pesant contre les quatre prévenus et restitue le matériel saisi", a déclaré l'organisation.
Citizens' Radio : une radio libre harcelée
Le procès de certains animateurs de la radio libre Citizens' Radio va s'ouvrir le 17 novembre 2006 devant une cour pénale de Hong Kong. Tsang Kin-shing, Chan Miu-tak et deux autres personnes risquent jusqu'à 50 000 dollars hongkongais d'amende (5 000 euros) et jusqu'à deux ans de prison pour "avoir possédé sans autorisation des équipements de transmission".
Le 18 octobre, les responsables de Citizens' Radio ont diffusé des programmes sur la bande FM. Par bravade ou par souci d'honnêteté, ils ont installé leur émetteur devant les bâtiments de l'OFTA, sur Queen's Road East dans le quartier de Wan Chai. Au bout de 30 minutes, l'OFTA a interrompu leur transmission. Le parlementaire "Long Hair" Leung Kwok-hung qui a déclaré être le directeur de la société détentrice du matériel de radiodiffusion, a été interpellé. Tsang Kin-shing (conseiller municipal du district de l'Est) a aussi été emmené au poste. Le 13 octobre 2006, la police avait déjà saisi du matériel.
Déjà le 29 août 2006, la police et l'OFTA avaient fait une descente dans l'immeuble à partir duquel étaient diffusés les programmes de Citizens' Radio. La station avait été fermée et Chan Miu-tak, propriétaire de l'appartement, avait été arrêté. Deux autres personnes avaient été admonestées. Elles étaient suspectés de s'être livrées à des activités contraires au règlement de l'OFTA. Le matériel avait été saisi mais, le lendemain, les émissions reprenaient sur Internet.
En 2005, Citizens' Radio avait déposé une demande de licence FM qui était restée sans suite. Les animateurs de la radio avaient démarré, le 3 octobre, leurs transmissions sur le 102.8 FM empiétant ainsi sur la fréquence de Metro Finance. Ils reconnaissaient outrepasser la loi. Toujours en 2005, après que l'un des responsables, Tsang Kin-shing, avait été interpellé une première fois, le parlementaire Leung Kwok-hung, qui participait aux émissions, avait soulevé la question de la libéralisation des ondes lors d'une séance au Parlement de Hong Kong.
Tsang Kin-shing s'est toujours défendu de vouloir "attaquer une radio en particulier", mais selon lui, "douze radios occupent plus de fréquences qu'elles n'en ont besoin". Malgré l'offre d'une licence de diffusion sur la bande AM, il avait refusé en arguant que la plupart des postes de radio ne peuvent capter que la FM. La radio émettait grâce à des antennes et des émetteurs placés à l'arrière d'un camion ou posés clandestinement sur les hauteurs de Hong Kong et activés à distance par l'intermédiaire de téléphones portables. Citizens' Radio était captée à Hong Kong et à Kowloon. Rendez-vous était donné aux auditeurs du lundi au vendredi de 19h à 20h sur lnternet et en FM, lors de grandes occasions.
Le paysage des radios à Hong Kong
Les radios hongkongaises sont détenues par trois groupes : Radio Television Hong Kong (RTHK), Commercial Radio Hong Kong et Metro Broadcast. La RTHK, publique, contrôle RTHK1, RTHK2, RTHK3, RTHK4, RTHK5 et RTHK Putonghua (en mandarin). Commercial Radio Hong Kong contrôle les stations CR1 (Supercharged 881) et CR2 (Ultimate 903). Enfin, Metro diffuse ses émissions sur les stations Metro Showbiz et Metro Finance. Ce qui fait un total de dix radios pour sept millions d'habitants et seulement quatre stations privées.
En raison du relief du territoire, chaque radio émet sur plusieurs fréquences afin d'être entendue partout. Si l'on ajoute les onze autres radios de Chine continentale qui sont captées à Hong Kong, on arrive à un chiffre de 72 fréquences occupées, sur une centaine disponibles. La diversité des radios FM pourrait donc être plus large à Hong Kong : une vingtaine de stations monopolisent la quasi-totalité du spectre FM. Et, alors que des fréquences restent libres, le gouvernement refuse d'accorder de nouvelles licences.