Procès d’Omar Radi et d’Imad Stitou : le verdict de la honte

Les journalistes Omar Radi et Imad Stitou ont été condamnés respectivement à six ans de prison ferme et un an de prison dont six mois avec sursis. Reporters sans frontières (RSF) dénonce une condamnation inique rendue après une procédure entachée d’irrégularité.

Au terme d’une procédure entachée d’irrégularités, les journalistes Omar Radi et Imad Stitou ont respectivement été condamnés, le 19 juillet, à six ans de prison ferme et un an de prison dont six mois de sursis par la cour d’appel de Casablanca pour “viol”, “espionnage “et “non dénonciation d’un crime”. 

 

“Ce verdict est celui de la honte, dénonce le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. En pleine affaire Pegasus, et quelques jours après avoir rendu une décision similaire dans l’affaire Rassouni, la justice marocaine persiste à nier l’inéquité de ses procédures, et à rendu des décisions qui condamnent lourdement des journalistes privés de procés équitables.” 

 

Une enquête pour "espionnage" avait été ouverte fin juin 2020 après la publication d'un rapport d'Amnesty International affirmant que le téléphone d’Omar Radi avait été piraté via le logiciel Pegasus de la firme israélienne NSO. Quelques mois plus tard, Omar Radi est ensuite soudainement interrogé après une plainte pour "viol" et "harcèlement sexuel", déposée par une ancienne collègue, puis incarcéré, le 29 juillet, dans l’attente de son procès. Bien que le journaliste soit poursuivi dans deux affaires séparées pour “espionnage” et “viol”, les deux accusations sont en réalité liées et ont été traitées de façon conjointe par les autorités. Une confusion qui soulève de sérieux doutes quant à l’équité de son procès. D’autant que ce journaliste d’investigation, qui est aussi militant des droits humains,  et qui a co-fondé le site d’information Le Desk était déjà dans la ligne de mire des autorités depuis au moins trois ans. En décembre 2019, il avait déjà été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour "outrage au tribunal" sur la base d’un seul  tweet publié huit mois plus tôt. 

 

Son confrère, Imad Stitou, était quant à lui mis en cause pour avoir apporté son soutien à Omar Radi. Initialement cité comme témoin de la défense, il avait confirmé la "relation consensuelle" entre le journaliste et la victime avant d’être poursuivi pour "non dénonciation d’un crime". 

 

Contestant sa détention provisoire, Omar Radi a mené une grève de la faim, avant d’y mettre un mettre un terme au bout de 21 jours en raison de la maladie de Crohn dont il souffre. Depuis, il demeure très affaibli.

 

Le Maroc occupe le 136e rang sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse de RSF.

 

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Updated on 20.07.2021