Prix mondial de la liberté de la presse : RSF propose la candidature des journalistes palestiniens à Gaza au prix Guillermo Cano de l’Unesco

Reporters sans frontières (RSF) soumet officiellement la candidature des journalistes palestiniens à Gaza au prix mondial de la liberté de la presse Guillermo Cano qui sera décerné le 2 mai 2024. Afin de saluer le travail exceptionnel des reporters à Gaza depuis le 7 octobre, l’organisation invite l’Unesco à le remettre à quatre reporters palestiniens Waël Dahdouh, Aseel Mousa, Ola Al Zaanoun et Motaz Azaiza au nom de l’ensemble de leurs confrères et consoeurs.

Parce que le prix Guillermo Cano Isaza de l’Unesco honore chaque année, depuis 1997, une personne ou une organisation qui a apporté une contribution exceptionnelle à la défense et à la promotion de la liberté de la presse en dépit du danger, RSF appelle à ce qu’il soit remis aux journalistes palestiniens de Gaza, qui informent le monde de la tragédie toujours en cours depuis le déclenchement de la guerre le 7 octobre 2023. 

L’organisation invite à ce que cette distinction, remise le 2 mai 2024, à Santiago du Chili, lors de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, soit incarnée en décernant le prix quatre reporters emblématiques par leur courage, leur obstination et leur abnégation : Waël Dahdouh, chef du bureau de la chaîne télévisée Al-Jazeera à Gaza, Aseel Mousa, journaliste palestinienne indépendante, Ola Al Zaanoun, journaliste et correspondante de RSF dans la bande de Gaza depuis 2018, et Motaz Azaiza, journaliste et photographe indépendant. 

Sans eux et leurs confrères sur place, dans un territoire totalement fermé depuis le 7 octobre, la bande de Gaza serait un trou noir de l’information, abandonné à une guerre de communication entre Israël et le Hamas. 

“Les derniers bastions du journalisme menacent de s’éteindre à Gaza dans le silence assourdissant de la communauté internationale et du Conseil de sécurité, incapable de faire appliquer ses propres résolutions sur la sécurité des journalistes en période de conflit. En nominant au prix Guillermo Cano les journalistes palestiniens à Gaza incarnés par Waël Dahdouh, Aseel Mousa, Ola Al Zaanoun et Motaz Azaiza, RSF adresse à l’Unesco un message d’alerte : les journalistes gazaouis donnent leur vie pour le droit à l’information. Ils doivent être soutenus, ils doivent être protégés, ils doivent être honorés.

Christophe Deloire
secrétaire général de RSF

Depuis le 7 octobre 2023, au moins 86 journalistes ont été tués à Gaza par des frappes ou tirs de l’armée israélienne, dont au moins 21 dans l’exercice de leurs fonctions ou en raison de celles-ci, selon les informations de RSF à ce jour. Ce lourd bilan, synonyme d’éradication du journalisme palestinien et du droit à l’information à Gaza, a justifié le dépôt de deux plaintes à la Cour pénale internationale (CPI) par RSF. Signe de la gravité de la situation, le procureur de la CPI a confirmé l’inclusion des crimes contre les journalistes dans son enquête sur la base des plaintes de RSF.

Quatres journalistes gazaouis emblématiques 



Waël Dahdouh

Chef du bureau de la chaîne télévisée Al-Jazeera à Gaza, Waël Dahdouh est un journaliste palestinien expérimenté. Figure de la résilience et du combat pour l’information, il n’a eu de cesse de continuer d’informer, malgré la perte de ses proches : il a perdu sa femme, son petit-fils et trois de ses enfants, dont l’un était lui-même journaliste pour Al-Jazeera, tous tués par des frappes israéliennes dans la bande de Gaza. Déplacés de leur foyer, sa femme et leurs trois enfants avaient trouvé refuge dans le camp de Nuseirat, bombardé lors d’un raid israélien. Blessé par une énième frappe de drone israélien en décembre, qui a tué son caméraman Samir Abu Daqqa, Waël Dahdouh a rejoint le Qatar le 16 janvier pour recevoir des soins médicaux. 

Aseel Mousa

Journaliste palestinienne indépendante, Aseel Mousa est basée à Gaza, où elle continue, à ce jour, de couvrir l’offensive israélienne. Faisant partie des dernières journalistes encore sur place, elle apporte un témoignage essentiel de la réalité vécue par la population de la bande de Gaza. Elle partage notamment le quotidien des patients, dont des femmes enceintes, des derniers hôpitaux encore debout. Son travail a été publié par plusieurs médias internationaux dont The Guardian, Middle East Eye, The Intercept et Al-Jazeera.

Ola Al Zaanoun

Journaliste, Ola Al Zaanoun est la correspondante de RSF dans la bande de Gaza depuis 2018. Forcée de quitter son domicile, au nord de la bande de Gaza par l’ordre d’évacuation de l'armée israélienne, Ola Al Zaanoun s'est réfugiée, avec son mari – journaliste correspondant de l’Agence France-Presse (AFP) Adel Al Zaanoun – et leurs jumeaux, au sud du territoire, à Khan Younès, le 13 octobre dernier. Blessée à la jambe le 24 octobre alors qu’elle fuyait une frappe, elle a dû être hospitalisée à l'hôpital Nasser dans cette même ville.

Motaz Azaiza

Figure d’une nouvelle génération de journalistes palestiniens très présente sur les réseaux sociaux, Motaz Azaiza a fait suivre l’évolution du conflit à près de 18 millions de personnes à travers son compte Instagram. Photographe free-lance et traducteur avant le 7 octobre, il fait partie des jeunes Palestiniens connectés que la guerre a transformé en journalistes documentant le conflit au jour le jour, comme ses consœurs Plestia Alaqad et Bisan Owda. Menacé de mort et sous pression, le photojournaliste de 24 ans, qui a perdu quinze de ses proches dans une frappe à la mi-octobre, a rejoint le Qatar le 23 janvier, après avoir documenté durant 108 jours la barbarie de l’offensive israélienne sur Gaza.

Le prix de l’Unesco porte le nom du journaliste colombien Guillermo Cano Isaza, lâchement assassiné en 1986.

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