Preuves de vie, assassinats et arrestations: le quotidien des acteurs de l’information syriens
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Reporters sans frontières a pu établir, grâce à plusieurs sources sûres, que le journaliste jordanien de la chaîne Al-Hurra, Bashar Fahmi Al-Kadumi, était en vie et en bonne santé. Il avait disparu à Alep, le 20 août 2012, en même temps que son confrère Cüneyt Ünal, cameraman turc de la chaîne Al-Hurra. Blessé à l’épaule, le reporter jordanien aurait été admis dans un hôpital de la capitale syrienne, où il aurait été soigné. Ces informations viennent contredire le communiqué publié le 4 septembre 2012, par le ministère syrien de l’Information, affirmant que le journaliste n’était pas détenu par les autorités syriennes. L’organisation appelle le gouvernement de Damas à cesser ses tentatives de désinformation, et à libérer l’ensemble des journalistes et autres acteurs de l’information actuellement incarcérés dans ses geôles.
L’organisation dénonce en outre l’arrestation, le 1er novembre 2012, de la journaliste Shaza Al-Madad par les services de sécurité, suite à une convocation à laquelle elle s’est rendue dans les locaux des services de renseignements intérieurs. La journaliste n’est pas réapparue depuis. D’après les informations recueillies, cette arrestation ferait suite à un entretien réalisé par la journaliste avec un chef de l’Armée syrienne libre et publié sur les réseaux sociaux. Shaza Al-Madad a travaillé dans plusieurs médias privés dont Baladna, le quotidien Al-Watan et les sites d’information Kolona Shorakaa et Damas Post. Elle avait déjà été convoquée par les services de renseignements, une première fois après son retour des États-Unis, voyage au cours duquel elle avait participé à une émission politique sur le thème du travail des journalistes dans le monde. Elle avait également été arrêtée après avoir démissionné du Damas Post suite à un différend qui l’opposait avec l’équipe de rédaction, notamment sur la couverture partisane du média des événements en Syrie.
A la même date, les forces de sécurité ont arrêté à Damas l’écrivain Daher Ayta, connu pour ses positions critiques envers le régime de Bashar Al-Assad. Ses amis précisent qu’ils sont sans nouvelles de lui depuis son arrestation. Âgé de 46 ans, l’écrivain travaille dans l’Institut Supérieur des Arts à Damas; il est également scénariste et metteur en scène. Il a reçu au cours de sa carrière plusieurs prix dont un en septembre dernier pour une œuvre théâtrale destinée aux enfants.
Reporters sans frontières s’inquiète du sort de l’avocat Khalil Maatouq, arrêté au matin du 2 octobre 2012 alors qu’il se rendait à son travail. Directeur exécutif du Centre syrien pour les études et la recherche en droit et avocat des droits de l’homme, il souffre d’une maladie des poumons. Il ne bénéficie d’aucune visite et ne peut recevoir de traitement approprié.
Par ailleurs, la Syrian Journalists Association (SJA) a annoncé la mort, sous la torture, de Hicham Moussali, monteur pour la télévision nationale syrienne. Après deux mois de détention aux services de renseignements militaires, sa dépouille a été envoyée à sa famille, le 15 octobre 2012 à Damas.
D’après la Syrian Journalists Association, deux citoyens-journalistes, Omar Abdulrazzaq Al-Lattouf et Mohammad Jumaa Abdulkarim Al-Lattouf, ont été arrêtés, le 20 octobre 2012, au checkpoint d’ “Eckarda”, près d’Alep. Ils revenaient de Turquie, et étaient en route pour Homs avec six autres personnes (dont trois membres de leur famille). Après avoir été torturés par les forces de sécurité, ils ont été assassinés. Omar Abdulrazzaq Al-Lattouf, originaire de Talbisah (nord de Homs), plus connu sous le nom de Omar Al-Homsi, était en contact régulier avec les médias étrangers. Il faisait partie des fondateurs de la Commission générale de la révolution syrienne (Syrian Revolution General Commission), pour laquelle il était en charge du bureau des médias. Il avait mis en place la “Homs Newsroom”. Mohammad Jumaa Abdulkarim Al-Lattouf était quant à lui un des principaux vidéastes de Talbiseh.
Reporters sans frontières a collecté des informations contradictoires sur la mort de la citoyenne-journaliste Fatima Khaled Saâd, arrêtée le 28 juin 2012 et transférée le 17 juillet dernier, au siège des services de renseignements militaires à Damas. La Ligue syrienne des droits de l’homme a annoncé, le 28 octobre 2012, son décès suite, à des actes de torture en détention. Sa famille a démenti cette information, un proche ayant déclaré à l’AFP qu’elle serait toujours en vie. Nous demandons aux autorités syriennes de faire toute la lumière sur le sort de cette citoyenne-journaliste.
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Updated on
20.01.2016