Pressions sur les médias après l'assassinat d'une top-modèle

Pour limiter la couverture par les médias de l'inculpation de deux policiers dans l'assassinat d'une top-modèle mongole, la police convoque et fait pression sur des journalistes. Le chef de la police a notamment déclaré que la presse spéculait dangereusement. Dans cette affaire, la protection des sources des journalistes doit être garantie. "Au milieu de la déferlante médiatique sur l'assassinat d'Altantuya Shaariibuu, Reporters sans frontières condamne l'attitude de la police qui, se voyant attaquée, cherche à étouffer l'affaire et tente de forcer certains journalistes à révéler leurs sources. Alors que les enquêteurs disposent déjà de solides éléments pour mettre en cause des suspects, il est regrettable que des reporters soient convoqués et sommés de s'autocensurer", a déclaré l'organisation. Deux policiers sont inculpés par les enquêteurs sur l'assassinat de la top-modèle et l'analyste politique Abdul Razak Baginda a été placé en détention. Le Premier ministre a appelé à une enquête approfondie et l'inspecteur général de la police Tan Sri Musa Hassan a accusé les journalistes, le 13 novembre, de conduire dans cette affaire un "procès dans les médias". "Je sais que les gens sont curieux sur cette affaire, mais ne spéculez pas. Je veux savoir d'où vous tenez les informations que vous publiez", a précisé Tan Sri Musa Hassan. Plusieurs journalistes ont été convoqués par la police. Le 19 octobre, une top-modèle mongole de 28 ans, Altantuya Shaariibuu, a été assassinée. Son corps a été mutilé avec des explosifs. Cette affaire a été largement couverte, parfois de manière sensationnaliste, surtout après que la presse a révélé que la top-modèle aurait entretenu une liaison avec un analyste politique renommé, Abdul Razak Baginda, et qu'elle serait venue en Malaisie chercher une aide financière pour son fils malade. Par ailleurs, l'hebdomadaire Weekend Mail et son directeur, Mohammed Zulkifli Abdul Jalil, ont été suspendus, le 6 novembre, suite à la publication, la veille, d'un dossier sur la sexualité. Le ministère de la Sécurité intérieure a lancé une enquête sur cet "incident". Le gouvernement affirme avoir agi sous la pression du public qui trouvait ce dossier scandaleux. Le groupe New Straits Times Press a publié une page entière d'excuses dans le quotidien Malay Mail. D'autres sanctions pourraient être prises par les autorités en vertu de l'article 6 (2) de la loi sur la presse de 1984.
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Updated on 20.01.2016