Reporters sans frontières prend acte avec satisfaction du fait que, au terme de la première semaine de campagne électorale en Mauritanie, les médias publics assurent un traitement relativement équitable de l'actualité des dix-neuf candidats en lice. Toutefois, des ajustements sont souhaitables.
Reporters sans frontières prend acte avec satisfaction du fait que, au terme de la première semaine de campagne électorale en Mauritanie, les médias publics assurent un traitement relativement équitable de l'actualité des dix-neuf candidats en lice. Ceci se traduit par l'application des dispositions de la Haute Autorité de la presse et de l'audiovisuel (HAPA), notamment la diffusion et la publication d'espaces dédiés pour chacun des candidats ("tranches gratuites"). De plus, la mise en retrait observée par le gouvernement sortant dans la campagne trouve sa traduction dans tous les médias, qui ont consacré la majorité de leurs programmes d'information aux candidats en lice (41 h 56 m 53 s pour les candidats contre 28 h 44 m 38 s pour les activités gouvernementales).
Toutefois, des ajustements sont souhaitables. En effet, en dehors des espaces dédiés, les médias publics ont accordé un temps d'antenne et une surface rédactionnelle qui reflètent un léger déséquilibre en faveur de certains candidats.
RADIO ET TELEVISION. La télévision a accordé, dans ses journaux d'information, un temps d'antenne supérieur aux candidats Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi (44 min. 11 sec.) et Messoud Ould Boulkheir (44 min. 4 sec.). L'avantage n'est cependant pas écrasant. Sur l'ensemble de la semaine, il représente environ 15 minutes de plus par rapport aux autres candidats, soit un peu plus de 2 minutes par jour. A la radio, le candidat Ould Abdellahi a bénéficié du meilleur temps d'antenne (27 min. 43 sec.) dans le "Journal de campagne" quotidien. Zeine Ould Zeidane le talonne (22 min. 30 sec), suivi par Ahmed Ould Daddah (22 min. 26 sec.), Mohamed Ould Maouloud (21 min. 30 sec.) et Mohamed Khouna Ould Haidallah (18 min. 52 sec.).
PRESSE ECRITE ET AGENCE. Les quotidiens en arabe Chaab et en français Horizons ont, pour leur part, attribué une surface rédactionnelle légèrement plus importante au candidat Ahmed Ould Daddah (10,32% de l'espace rédactionnel, contre 9,50% pour Mohamed Ould Mohamed El Mokhtar Ould Tomi et 9,40% pour Mohamed Ould Maouloud). La tendance est similaire à l'AMI, l'agence de presse publique, qui évoque l'actualité électorale du candidat Ould Daddah dans 14.14% de ses dépêches, contre 11,11% pour Ould Abdellahi et environ 8% pour la plupart des autres candidats.
Enfin, hormis dans le cadre des espaces dédiés, certains candidats ont bénéficié de peu de couverture médiatique, notamment les candidats Isselmou Ould El Moustapha, Ba Mamadou Alassane, Rachid Moustapha, Mohamed Ould Ghoulam Ould Sidati, Sidi Ould Isselmou Ould Mohamed Ahid, et Ethmane Ould Cheikh Ahmed Ebi El Maali. Ce déséquilibre s'explique notamment par les activités de campagne moins importantes de ces candidats ou de leur parti.
Il convient aussi de noter l'utilisation par un candidat du drapeau national durant les tranches gratuites diffusées à la télévision, une pratique interdite par le code électoral et rectifiée suite à l'intervention de la HAPA.
Enfin, le rôle des journalistes des médias publics dépêchés auprès des candidats prête souvent à confusion. Ainsi, certains journalistes des médias audiovisuels s'expriment au nom des candidats lors des "tranches gratuites". En l'absence de clarifications, les téléspectateurs et auditeurs ne sont pas en mesure de juger si ces journalistes agissent en leur nom propre ou au nom des médias publics.
Recommandations
Au vu des résultats obtenus au terme de la première semaine de campagne, Reporters sans frontières recommande :
- Aux rédacteurs en chef des médias publics de procéder, durant la deuxième semaine de campagne, à un rééquilibrage du temps d'antenne et de l'espace rédactionnel accordés aux différents candidats, en dehors des espaces dédiés. L'organisation leur recommande également de porter une attention particulière aux "petits candidats" qui n'auraient pas bénéficié de couverture satisfaisante de leur campagne lors de la première semaine.
- A la HAPA et aux directeurs de la radio et de la télévision de s'assurer que les journalistes dépêchés par leurs médias auprès des candidats s'abstiennent de faire la propagande électorale de ces derniers.
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Mission. Reporters sans frontières mène du 24 février 2007 jusqu'à la clôture du scrutin présidentiel, une mission de monitoring de la couverture de l'actualité électorale par les média publics - la Télévision de Mauritanie, la Radio de Mauritanie, les quotidiens Horizons et Chaab, ainsi que le fil de l'Agence Mauritanienne d'Information. Les médias publics ont été choisis parce qu'ils sont soumis à la réglementation du code électoral, garantissant l'égalité d'accès de toutes les forces politiques en lice. En tant que service public financé par l'Etat, ils ont un devoir d'exemplarité en période électorale.
Méthodologie. Reporters sans frontières calcule le temps d'antenne et le temps de parole accordés aux candidats dans tous les programmes d'information de la télévision et de la radio de Mauritanie. De plus, l'organisation mesure la surface rédactionnelle en cm2 attribuée aux candidats dans les quotidiens Horizons et Chaab, ainsi que le nombre d'évocations des candidats dans les dépêches de l'AMI. Temps d'antenne : comprend le temps de parole et tous les éléments éditoriaux consacrés à un candidat (reprise de propos, reportage ou commentaires sur un candidat, présentation en plateau par un journaliste, etc.). Temps de parole : toute intervention directe d'un candidat.
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Cette mission a été réalisée avec l'appui financier de l'Union européenne et de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF).