La police a interpellé plus de 300 journalistes et blessé plus d'une dizaine d'autres alors qu'ils couvraient des rassemblements en faveur de la démocratie ou manifestaient en faveur de la liberté de la presse. Reporters sans frontières a demandé au Premier ministre de mettre en place une commission d'enquête sur ces violences et de sanctionner les policiers responsables.
La police a procédé à l'interpellation d'au moins 300 journalistes lors des manifestations qui ont lieu à Katmandou les 16, 17 et 18 avril. Une dizaine de reporters ont été frappés par des policiers.
"Cette vague d'interpellations sans précédent démontre l'hostilité du gouvernement et des forces de sécurité vis-à-vis d'une couverture indépendante des manifestations en faveur de la démocratie", a affirmé Reporters sans frontières dans une lettre adressée au Premier ministre Surya Bahadur Thapa. L'organisation a demandé au chef du gouvernement de mettre en place une commission d'enquête sur ces violences et de sanctionner les policiers responsables. Selon le site Kantipuronline, le Premier ministre aurait exprimé le 19 avril sa préoccupation au président de la Fédération des journalistes népalais (FNJ). Ce dernier continue à réclamer des excuses publiques et la démission du ministre de l'Information et de l'Intérieur, Kamal Thapa.
Le 16 avril 2004, les forces anti-émeutes ont arrêté 75 journalistes alors qu'ils couvraient des manifestations à Katmandou. Dans le quartier de Ratnapark, au moins 50 reporters ont été appréhendés en marge d'une manifestation des cinq principaux partis politiques qui réclament le retour de la démocratie. Une dizaine d'entre eux ont été frappés à coups de matraque, notamment Ujir Magar du quotidien Kantipur. Ils ont été détenus pendant quelques heures au commissariat de Singhadurbar. Deux journalistes du groupe de presse Kantipur n'ont été relâchés que le lendemain matin. Plus de 20 autres journalistes ont été arrêtés alors qu'ils protestaient contre la détention de leurs collègues. Ils ont été détenus quelques heures dans une caserne de l'armée de la capitale.
Selon l'Agence France-Presse, les autorités affirment que seulement "quelques journalistes ont été interpellés car ils empêchaient la police de faire son travail". La FNJ a organisé une série de manifestations pour protester contre ces incidents. Mais ces rassemblements pacifiques ont été déclarés illégaux par le gouvernement royaliste. En effet, depuis le 8 avril dernier, le gouvernement a interdit toute manifestation sous le prétexte que les maoïstes tentent d'infiltrer les mouvements de protestation en faveur de la démocratie.
Le 17 avril, des centaines de journalistes ont manifesté à Katmandou contre l'interpellation la veille de leurs collègues. Les professionnels des médias s'étaient bâillonnés en signe de protestation. La police a empêché le rassemblement. Près d'un millier de personnes, dont 200 journalistes, parmi lesquels au moins 50 employés du groupe de presse Kantipur, ont été interpellées
Des manifestations ont eu lieu dans une dizaine d'autres villes du pays, mais on ne sait pas si des journalistes ont été arrêtés à cette occasion.
Le 18 avril, plusieurs dizaines de journalistes ont été frappés ou interpellés par des policiers dans le quartier de Bagbazar à Katmandou. Ainsi, Damodar Dawadi, rédacteur en chef de l'hebdomadaire Naya Bikalpa, a été violemment frappé alors qu'il couvrait une manifestation d'opposants. Inconscient, il a été hospitalisé. Swagat Nepal du quotidien Nepal Samacharpatra et Shital Koirala de l'agence RSS ont quant à eux reçu des coups de matraque.