Poursuite des arrestations de journalistes

Reporters sans frontières condamne la multiplication des arrestations arbitraires de journalistes au lendemain de l’ouverture, le 1er août 2009, du procès stalinienà l’encontre des opposants à la réélection de Mahmoud Ahmadinedjad. Au moins trois journalistes ont été arrêtés au cours des dernières 48 heures. « Les arrestations hors de tout cadre légal et juridique se multiplient à l’encontre des journalistes iraniens, dans la capitale et dans les autres villes du pays. Nous sommes très inquiets, notamment, pour la santé de Mehdi Yazdani Khoram », a déclaré l’organisation, qui réitère son appel à la libération de tous les prisonniers d’opinion aujourd’hui détenus en Iran. Mehdi Yazdani Khoram, journaliste et responsable des pages "arts et littérature" du journal Etemad-e Melli, a été arrêté dans la rue, le 5 août au soir, par plusieurs hommes en civil. Il collaborait à plusieurs journaux réformateurs comme Shargh, Hammihan et Kargozaran (tous les trois suspendus en 2008). Souffrant d’une maladie cardiaque, il avait été hospitalisé le mois dernier. Mirhamid Hassanzadeh, ancien directeur de l’agence ISNA et directeur du site Ghalamnews (http://www.ghalamnews.ir/), a été arrêté le 4 août au matin, au siège de l’agence ISNA. Reza Norbakhsh, rédacteur en chef du quotidien Farhikhteghan, a également été arrêté le 4 août à Téhéran, au siège de son journal. Esmail Hagh Parast et Masoud Bastani, journalistes pour ce même journal, avaient déjà été arrêtés respectivement les 29 juin et 4 juillet. Tous trois ont été transférés dans un lieu toujours inconnu. Le 5 août, jour de l’investiture officielle de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence de la République islamique d’Iran, la police anti-émeute et des miliciens ont dispersé, par la force, les manifestants. Plusieurs personnes ont été arrêtées, alors qu’elles essayaient de filmer les évènements ou de prendre des photos. Le même jour, le siège de l’Association des journalistes iraniens a été scellé, sur ordre du procureur de Téhéran, Said Mortazavi, alors que l’association devait organiser, le lendemain, son assemblée générale annuelle. (Lire le communiqué : http://www.rsf.org/L-Association-des-journalistes,27646.html). Une centaine de journalistes et caricaturistes iraniens, en solidarité avec le mouvement de protestation contre la réélection de Mahmoud Ahmadinejad, ont annoncé leur intention de boycotter la biennale internationale de la caricature, organisée à Téhéran. Par ailleurs, l’organisation condamne à nouveau la poursuite des pressions exercées sur la presse écrite. Les journaux sont toujours sous le contrôle du procureur de Téhéran qui exige qu’un de ses agents vérifie le contenu de chaque article, dessin et information avant publication. Ainsi, et ce pour la troisième fois depuis le 12 juin, le quotidien Khabar Emrooz n’a pu être publié, suite à un article critiquant la cérémonie du 3 août 2009, au cours de laquelle le guide suprême avait confirmé l’élection d’Ahmadinejad. Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, les familles des journalistes emprisonnés ont fait l’objet de menaces à plusieurs reprises de la part des autorités judicaires et des agents du ministère des Renseignements, afin qu’ « elles ne divulguent pas d’informations sur la situation et le dossier des journalistes ». Certains détenus ont été contraints d’appeler leur famille pour leur demander de ne pas parler aux médias, notamment étrangers. Reporters sans frontières a appris la libération, le 3 août dernier, de Masoud Kourdpour, collaborateur de plusieurs journaux locaux, au terme de sa peine. Il avait été condamné, le 15 octobre 2008, par le tribunal de la révolution de Mahabad (Kurdistan) à un an de prison pour "publicité contre le régime lors d’entretiens accordés aux médias étrangers et ennemis". La peine avait été confirmée en appel un mois plus tard.
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Updated on 20.01.2016