Poursuite de la répression du mouvement populaire et de sa couverture médiatique

La photo originale de ce communiqué a été modifiée suite aux doutes soulevés, dans la presse et sur Internet, concernant son authenticité Reporters sans frontières dénonce l’enlèvement, le 6 juin 2011, à Damas, de la blogueuse américano-syrienne Amina Arraf, aussi connue sous son pseudo Amina Abdullah, par trois hommes armés, alors qu’elle allait à un rendez-vous. Nous sommes sans information sur le lieu où elle a été conduite ni sur ses ravisseurs. Il s’agit vraissemblablement d’hommes de main du gouvernement. “Rien ne justifie l’enlèvement d’Amina Arraf ainsi que celui de dizaines de blogueurs et journalistes en Syrie. Comme beaucoup de net-citoyens, Amina Arraf s’exprimait sur sa vie de tous les jours et, récemment sur les événements de son pays. En aucun cas ceci n’aurait dû conduire à sa disparition. Nous demandons aux autorités syriennes de libérer immédiatement et sans condition les dizaines de blogueurs et journalistes actuellement emprisonnés, et de cesser les exactions à leur encontre”. Sur son blog, A gay girl in Damascus, Amina Arraf relatait l’actualité brûlante de la Syrie. Depuis quelques temps, ses posts se faisaient plus critiques à l’égard du régime, jusqu’à appeler au départ du gouvernement. Dans un billet sur la coupure Internet du 3 juin dernier, elle écrivait :  “Il doivent partir, ils doivent partir vite. C’est tout ce qu’il y a à dire”. La blogueuse avait déjà échappé à une arrestation, le 25 avril 2011. Deux hommes s’étaient alors présentés chez elle pour l’emmener, mais son père les avait convaincus de faire demi-tour. Une page Facebook, Free Amina Abdulla, appelle à sa libération. Reporters sans frontières condamne par ailleurs la coupure d’Internet, pendant 24 heures, le 3 juin, imposée par le régime. La majeure partie des connexions dépendent du fournisseur d’accès Syriatel, entreprise qui appartient à Rami Makhlouf, un cousin de Bachar Al-Assad. L’organisation est également préoccupée par la situation du blogueur Kamal Sheikhou. Libéré sous caution le 13 mars, il devait comparaître le 30 mai 2011 pour « publication d’informations ayant pour conséquence de nuire à l’honneur de la nation ». Nous n’avons aucune information sur son sort. Le journaliste et blogueur syrien Jehad Jamal, connu sous le pseudo Milan, arrêté le 5 mai dernier à Alep dans le café Milano, est toujours en détention. Les autorités auraient réussi à pénétrer dans son compte Facebook et à en prendre le contrôle. Le propriétaire de l’ordinateur que Jehad utilisait au moment de son arrestation, Jilal Siris a été interpellé par les autorités. Le régime syrien avait pourtant tenté de redorer son image en faisant certaines concessions, comme l’a montré l’amnistie décrétée le 31 mai 2011 par le chef de l’Etat. A la suite de cette déclaration, le journaliste et écrivain Ali Al-Abdallah, condamné à trois ans de prison ferme pour "volonté de nuire aux relations de la Syrie avec un autre Etat", avait été libéré le 4 juin dernier. La Syrie fait partie de la liste des pays “Ennemis d’Internet”, publiée le 12 mars dernier par Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016