Pour la nouvelle année, la junte censure les vœux et emprisonne un journaliste malade

Reporters sans frontières et la Burma Media Association (BMA) sont indignées par la manière dont la junte birmane a clôturé l'année 2005 en censurant deux hebdomadaires privés. Par ailleurs, les autorités refusent la libération conditionnelle à laquelle a droit le journaliste Than Win Hlaing, gravement malade. « La presse birmane souffre de deux grands maux : la censure préalable et l'emprisonnement de journalistes. La junte militaire semble vouloir perpétuer en 2006 cette violence directe et indirecte contre le droit à informer », ont déclaré Reporters sans frontières et la Burma Media Association. Les deux organisations ont demandé la libération de Than Win Hlaing, gravement malade après six ans de détention dans des conditions difficiles. Plusieurs vœux pour la nouvelle année de l'édition du 31 décembre 2005 de l'hebdomadaire privé Yangon Post Journal, ont été retirés par le Bureau de la censure. Les messages et les photographies d'écrivains et de journalistes, notamment Maw Linn, Bo Bo et Zaw Thet Htwe, ont été interdits. Le Bureau de la censure a par ailleurs convoqué les responsables de la rédaction du Yangon Post Journal. Myint Thein, responsable de cette rubrique des vœux, aurait été écarté de la direction après avoir refusé de se présenter devant les censeurs. Les autorités auraient exigé de nouvelles sanctions contre la rédaction. Le Bureau de la censure s'en est également pris à l'édition du 25 décembre 2005 du Weekly Eleven Journal qui contenait une rubrique spéciale sur les 15 personnalités de l'année 2005. La censure militaire a contraint la rédaction de retirer quatre personnes : l'écrivaine Ludu Daw Amar, le journaliste Ludu Sein Win, l'homme d'affaires U Tay Za et le travesti Maung Than Sein. Par ailleurs, la photo illustrant le portrait de l'écrivain Maung Su Sann a été censurée, mais le texte est resté en l'état. Weekly Eleven Journal a été lancé en octobre 2005 par Eleven Media Group qui publiait déjà deux hebdomadaires sportifs, dont le très populaire First Eleven, et un magazine sur l'actualité internationale. Récemment, le major Wunna, officier de l'armée de l'air birmane, a été radié après avoir signé des articles satiriques dans l'hebdomadaire Yangon Time. Il se moquait à demi-mot du transfert de la capitale à Pyinmana et de la Convention nationale organisée par la junte militaire. Selon le site Mizzima.com, le major Wunna, qui signait sous le pseudonyme « Mar J », avait fait paraître deux articles « Le tigre qui voulait mourir près d'une autre forêt » et « La Convention des anges » dans le numéro de novembre de l'hebdomadaire, malgré un premier avis défavorable des censeurs. L'épouse du journaliste Than Win Hlaing a récemment déclaré à la radio Democratic Voice of Burma qu'il était gravement malade. Emprisonné depuis juin 2000, il souffre de diabète et de problèmes rénaux. Les autorités pénitentiaires lui refusent les soins requis et ont bloqué sa libération anticipée. Selon l'Association des anciens prisonniers politiques birmans (AAPPB), Than Win Hlaing aurait dû bénéficier de la loi sur la liberté conditionnelle. Ancien journaliste au Mya Yeik Nyo Journal, Than Win Hlaing a été condamné à sept ans de prison pour avoir notamment mentionné le nom d'Aung San Suu Kyi dans l'un de ses livres. Agé de 47 ans, il est actuellement détenu à la prison de Tharrawady (au nord de Rangoon).
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Updated on 20.01.2016