Pour avoir signé une déclaration sur les relations syro-libanaises, Michel Kilo risque la prison à vie

Accusé de “provoquer des dissensions confessionnelles et raciales", de publier des "informations mensongères et exagérées qui ont pour but de porter atteinte au prestige de l'Etat" et de “diffamation à l'encontre du chef de l'Etat et des tribunaux”, Michel Kilo risque la prison à vie. Reporters sans frontières dénonce le maintien en détention du journaliste et demande, une nouvelle fois, sa libération.

Accusé de “provoquer des dissensions confessionnelles et raciales", de publier des "informations mensongères et exagérées qui ont pour but de porter atteinte au prestige de l'Etat" et de “diffamation à l'encontre du chef de l'Etat et des tribunaux”, Michel Kilo risque la prison à vie. Reporters sans frontières dénonce le maintien en détention du journaliste et demande, une nouvelle fois, sa libération. Le journaliste a été arrêté le 14 mai 2006 après avoir signé la déclaration "Beyrouth-Damas, Damas-Beyrouth", un communiqué d'intellectuels syriens et libanais qui prône une réforme des relations entre les deux pays. Les autorités syriennes l'ont qualifié "d'ingérence dans ses affaires intérieures" et de "provocation". Damas a ajouté "que les intellectuels syriens ont tort de faire de la Syrie la responsable de la détérioration de la situation au Liban". L'arrestation de Michel Kilo, une figure emblématique de la lutte pour la démocratie en Syrie depuis plus de 30 ans, a provoqué une vague de protestations dans le monde arabe, notamment au Liban. L'ex-Premier ministre libanais, Salim Hoss, a adressé une lettre ouverte au président syrien, Bachar el-Assad, dans laquelle il écrit : “Nous estimons qu'un président, caractérisé comme vous par sa culture, ne devrait pas accepter qu'un citoyen soit arrêté pour ses opinions. Nous vous demandons d'intervenir pour obtenir la libération de M. Kilo et de tous les autres prisonniers politques.” Les autorités syriennes ont procédé à de nouvelles arrestations, le 17 mai, dans le cadre de leur campagne de répression contre les signataires de la déclaration “Beyrouth-Damas, Damas-Beyrouth”. Plusieurs militants des droits de l'homme, dont l'avocat Anouar Bounni, ont ainsi été interpellés. -------------------------------------------------------------------------- 15.05.2006 Le journaliste et militant des droits de l'homme Michel Kilo arrêté Reporters sans frontières demande la libération immédiate du journaliste, politologue et défenseur des droits de l'homme, Michel Kilo, arrêté le 14 mai 2006, à Damas. “Censure, harcèlement, menaces et détentions arbitraires, rien ne semble arrêter les autorités syriennes. Après l'arrestation d'Ali Abdallah le 23 mars 2006, c'est au tour de Michel Kilo, une figure emblématique de la lutte pour la démocratie dans le pays, de faire les frais de la politique de répression qui sévit à l'encontre des journalistes et militants des droits de l'homme en Syrie", a déclaré Reporters sans frontières. "Nous sommes d'autant plus inquiets que nous ne connaissons pas les charges retenues contre lui, ni son lieu de détention", a ajouté l'organisation. Le 14 mai 2006 dans l'après-midi, Michel Kilo a été contacté par téléphone et prié de se rendre dans un commisariat de Damas. Sa femme a indiqué qu'elle ne l'a plus revu depuis. D'après Ammar al-Qorabi, président de l'Organisation nationale des droits de l'Homme en Syrie (ONDHS), Michel Kilo a été arrêté parce qu'il avait signé la déclaration "Beyrouth-Damas, Damas-Beyrouth", un communiqué d'intellectuels syriens et libanais qui prône une réforme des relations entre les deux pays. Ce texte a été signé par 274 intellectuels, journalistes et artistes de renom. Il exprime leur refus de "toute tentative d'imposer des sanctions économiques ou autres au peuple syrien". Il met en avant la nécessité de "respecter et consolider la souveraineté et l'indépendance du Liban et de la Syrie dans le cadre de relations institutionnalisées et transparentes qui servent les intérêts des deux peuples et (les) renforcent (face) aux agressions israéliennes et à l'hégémonie américaine". Les différents signataires insistent sur "la nécessité d'une reconnaissance syrienne définitive de l'indépendance du Liban". Selon eux, "les premiers pas dans cette direction consistent en la délimitation des frontières et l'échange d'ambassadeurs". Michel Kilo collabore aux quotidiens libanais An-Nahar et Al-Safir ainsi qu'au journal arabophone basé à Londres, Al Quds Al Arabi. Il est connu pour ses prises de position en faveur des réformes démocratiques dans son pays. Le journaliste est également directeur de "Hourriyat", un centre de défense de la presse et de la liberté d'expression, créé à Damas, en 2005. Le journaliste Ali Abdallah et trois cyberdissidents - Massoud Hamid, Habib Saleh et Mohammed Ghanem - sont également incarcérés en Syrie. Reporters sans frontières rappelle que le président syrien Bachar el-Assad fait partie de la liste des 38 prédateurs de la liberté de la presse dans le monde.
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Updated on 20.01.2016