Le président de l'Observateur saoudien des droits humains (MHRSA), une organisation indépendante créée en 2008 qui défend les libertés fondamentales,
Waleed Abu Al-Khair fait l’objet d’un
harcèlement acharné de la part des autorités saoudiennes.
Il est
poursuivi depuis 2012 pour “
incitation à la rébellion”, “
publication de fausses informations dans le but de nuire à l’État”, “
outrage à magistrat”, et “
création d’une ONG sans autorisation”. Pour avoir informé sur les violations des droits de l’homme, à travers le site de l’Observatoire saoudien des droits humains, Waleed Abu Al-Khair est
désormais poursuivi, depuis le 28 mai 2014, pour “
préparation, stockage et transmission d’informations qui nuisent à l’ordre public” et encourt, selon l’article 6 de la
loi anti-cybercriminalité, la peine maximale prévue par cette loi, soit cinq ans d’emprisonnement et / ou une amende de 800 000 dollars. Le procureur général a également demandé la fermeture définitive de tous les sites et comptes de Waleed Abu Al-Khair (
Facebook,
Twitter et messagerie), et ce en vertu de l’article 13 de la loi anti cyber-criminalité. Il a été arrêté le 15 avril lors de sa cinquième audience. La prochaine a été fixée au 26 juin prochain.
“
Reporters sans frontières condamne avec la plus grande fermeté l’incarcération arbitraire de Waleed Abu Al-Khair et exige sa libération immédiate. Ce procès montée de toutes pièces est une farce tragique orchestrée par les autorités saoudiennes pour museler toute voix dissidente,” déclare Virginie Dangles, adjointe à la direction de la recherche à Reporters sans frontières. “
Ces charges visent clairement à sanctionner les activités militantes de Waleed Abu Al-Khair et à envoyer un message fort à tous les citoyens saoudiens qui oseraient remettre en question le royaume wahhabite et ses pratiques”.
Le 29 octobre 2013, l’avocat saoudien avait été
condamné une première fois à trois mois de prison, pour “
désobéissance et rupture de l'allégeance au souverain”, “
manque de respect envers les autorités”, “
outrage à magistrat”, “
incitation à s'opposer au royaume auprès d'organisations internationales” et “
création d'une organisation non autorisée”. Cette condamnation faisait suite à la signature - par Waleed Abu Al-Khair et de plusieurs autres militants - d’une déclaration publique, publiée en ligne le 5 décembre 2012, dans laquelle les signataires condamnaient les procès intentés contre les
réformateurs de Jeddah et les évènements de Al-Qatif.
Le ministère de l’Intérieur avait informé Waleed Abu Al-Khair, le 21 mars 2012, qu'il n'était pas
autorisé à voyager "
pour des raisons de sécurité". Cette interdiction est toujours en vigueur.
En plus de ses activités militantes informatives, Waleed Abu Al-Khair a défendu, en tant qu’avocat, d’autres activistes saoudiens, parmi lesquels figure le militant des droits de l’homme et blogueur
Raef Badawi,
condamné en appel, le 7 mai 2014, à dix ans de prison ferme, 1 000 coups de fouet ainsi qu’une amende d’un million de rial saoudiens (environ 200 000 euros) pour “
insulte à l’islam”.
En 2012,
il a reçu le prix du Fonds à la mémoire d'Olof Palme pour sa “
lutte constante, forte et empreinte de sacrifice pour la promotion du respect des droits humains et civiques des hommes et des femmes en Arabie”.