Portes closes à l’entrée d’un procès historique : des journalistes et net-citoyens sonnent l’alerte
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Suite au refus de la part des autorités militaires de lui restituer deux caméras qui lui avait été confisquées arbitrairement lors du procès des martyrs de la Révolution, Ramzi Bettaieb, journaliste du site d’information communautaire Nawaat, a entamé, lundi 28 mai 2012, une grève de la faim.
Lors de ce procès, qui s’est tenu au tribunal militaire du Kef le lundi 21 mai, Ramzi Bettaieb a été interpellé par la sécurité militaire alors qu’il filmait l’écran de télévision sur lequel était retransmis le procès pour les familles des martyrs dans une salle annexe. Interrogé pendant quatre heures par un commandant de l’armée avant d’être relâché, le journaliste, très impliqué dans le suivi de cette affaire, affirme avoir été intimidé par les militaires en raison de son activité professionnelle.
Après avoir tenté pendant une semaine d’intercéder auprès des autorités pour récupérer le matériel saisi, Ramzi Bettaieb a décidé d’entamer une grève de la faim dans le but de dénoncer l’impossibilité pour les médias de couvrir ce procès et de réclamer que ce dernier soit retiré à la justice militaire et transféré devant les juridictions civiles.
Reporters sans frontières exhorte les autorités militaires tunisiennes à restituer immédiatement son matériel au journaliste. L’organisation, qui s’est dite préoccupée par son état de santé, a également déclaré : “La confiscation du matériel d’un journaliste, de surcroît en dehors de toute procédure judiciaire, est un acte grave. Ce procès, capital pour l’histoire de la nation tunisienne, doit pouvoir bénéficier d’une véritable couverture médiatique. Or l’institution militaire n’accorde aux journalistes que trois minutes pour filmer le procès, ce qui a pour effet de les dissuader de se rendre jusqu’au Kef pour suivre les audiences. C’est inacceptable.”
En signe de soutien et de protestation, d’autres journalistes et activistes ont rejoint Ramzi Bettaieb dans sa grève de la faim. Il s’agit des journalistes de Nawaat, Houssem Hajlaoui et Amine M’tiraoui, et des blogueurs et activistes, Yassine Ayari, Azyz Ammami et Lina Ben Mhenni.
Dans le même registre, Chaker Besbes, journaliste de Mosaïque Fm, accusé d’avoir illégalement filmé l’audience du procès de Nessma le 23 janvier dernier, avait été condamné à verser une amende de 200 dinars (100 euros). Les poursuites contre ce journaliste avaient été engagées sur le fondement de l’article 62 du décret-loi 115, qui interdit formellement la couverture des procès dans les salles d’audience sans l’autorisation préalable des juges dans les procès militaire ou civil. Le procès s’est tenu en appel le 28 mai dernier. Le verdict sera rendu le 7 juin prochain.
Reporters sans frontières avait exprimé son inquiétude concernant les dispositions de l’article 62 du décret-loi, précisant que ce dispositif visant à protéger la confidentialité des affaires judiciaires ne doit pas être excessif et empêcher les journalistes de couvrir ces affaires notamment lorsqu’est en jeu une question d’intérêt général. L’organisation avait recommandé de prévoir des aménagements pour certains jugements emblématiques où l’intérêt de l’information est important.
Publié le
Updated on
20.01.2016