Pologne : RSF déplore la décision d’un juge de prolonger la détention d’un journaliste espagnol, déjà sous les verrous depuis un an

Accusé d’espionnage pour le compte de la Russie, le journaliste Pablo González est détenu depuis 12 mois à la prison de Radom, en Pologne, sans avoir été inculpé. Reporters sans frontières (RSF) déplore la décision du tribunal de prolonger son incarcération de trois mois.

La cour d’appel de Lublin a annoncé, ce lundi 27 février, la prolongation de la détention préventive du journaliste espagnol Pablo González jusqu’au 24 mai prochain. Il y un an exactement, il avait été arrêté par l’Agence de sécurité intérieure polonaise (ABW) à Przemyśl, pour espionnage au profit de la Russie. 

Considéré comme un “prisonnier dangereux”, le journaliste est détenu dans des conditions particulièrement difficiles. Il a notamment connu : l’obligation de se déplacer menotté en dehors de sa cellule, placée 24h/24 sous surveillance vidéo ; celle de se déshabiller plusieurs fois par jour pour des fouilles minutieuses ; la limitation à une douche par semaine ; ou encore le refus d’accès au soin auprès d’un dermatologue pendant des mois en dépit d’un problème de peau. En outre, son épouse n’a pu lui rendre visite que fin novembre, neuf mois après son arrestation.

“Nous déplorons que le tribunal polonais ait refusé de libérer Pablo González alors que celui-ci est en attente de jugement pour espionnage. Sa détention, qui constitue une mesure préventive particulièrement sévère, doit cesser au plus vite. En attendant, les conditions dans lesquelles il est détenu doivent être considérablement améliorées.

Pavol Szalai
Responsable du bureau UE-Balkans

Spécialisé dans les pays post-soviétiques, Pablo González couvrait la guerre en Ukraine et la crise des réfugiés à la frontière ukraino-polonaise pour des médias espagnols comme le quotidien Público et la chaîne TV La Sexta lorsqu’il a été arrêté.

Les autorités polonaises n’ont divulgué que très peu d’éléments matériels justifiant la détention de Pablo González. Elles ont notamment affirmé que le journaliste était en possession de deux passeports à des noms différents, l’un russe et l’autre espagnol, sous-entendant que l’un d’eux prouvait l’utilisation d'une fausse identité à des fins d’espionnage. Le passeport russe de Pablo González l’identifie  comme Pavel Rubtsov, le nom de famille de son père, alors que son passeport espagnol le désigne comme Pablo González Yagüe, les deux noms de famille de sa mère. Celle-ci avait décidé, en accord avec son père, d’enregistrer Pablo sous son prénom et nom espagnols au moment de leur divorce et de son installation en Espagne avec son fils dans les années 1990.

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