A l’occasion du troisième anniversaire de la chute du régime de Kadhafi, Reporters sans frontières lance une campagne de sensibilisation afin de dénoncer les violations commises à l’encontre des journalistes et des médias libyens. Des exactions ciblées qui se sont considérablement accrues depuis la fin de la révolution, laissant les journalistes en proie à un climat chaotique pour exercer leur profession.
Trois ans jour pour jour après la chute du régime de Kadhafi le 23 octobre 2011, la Libye se trouve dans une situation politique et militaire des plus anarchiques. L’élan d’espoir initié au lendemain de la révolution a désormais laissé place à une autre page sombre de l’histoire de la Libye. L’instabilité rampante qui prévaut aujourd’hui dans le pays affecte considérablement les journalistes qu’ils soient professionnels ou non. Persécutés, brutalisés, voire assassinés, ces derniers sont devenus les principales victimes du chaos politico-sécuritaire ambiant. Le simple fait de couvrir les évènements qui ravagent le pays, rapporter des violations commises par les différents groupes armés, ou de décrire l’avancée militaire ou la position politique d’un camp sur un autre, fait courir un grand danger aux journalistes. Désormais être en possession d’une caméra ou d’une carte de presse sur soi relève d’un acte de bravoure dans ce pays d’Afrique du Nord.
Face à ce constat alarmant, Reporters sans frontières lance une campagne, réalisée par l’agence JWT Tunis et disponible en arabe, français et anglais, afin de souligner l'extrême difficulté rencontrée par les journalistes pour exercer leur activité en Libye. Le visuel qui représente la reconstitution d’une scène de crime commis contre un journaliste, accompagné du slogan “Plus de nouvelles de la Libye ? Il a pourtant essayé de vous en donner”, a pour but de sensibiliser le grand public au climat d’insécurité et aux exactions commises à l’encontre des professionnels des médias dans le pays.
Depuis la fin de la révolution libyenne, Reporters sans frontières a recensé sept assassinats de journalistes, 37 enlèvements, et 127 attaques ou agressions. En outre, lors du dernier Classement de RSF pour la liberté de la presse, la Libye occupait le 137e rang sur 180, perdant six places par rapport à 2013.
Reporters sans frontières, organisation de défense de la liberté de l’information, rappelle que cette liberté est une condition essentielle à toute transition démocratique. Il est donc crucial pour l’avenir de la Libye que la liberté d’information soit respectée par tous les acteurs politiques, militaires et civils en présence. Sans liberté d’information, il n’y a pas de contre-pouvoir, et sans contre-pouvoir, il n’y a pas de démocratie.