Peu d'avancées dans le procès des assassins du journaliste Hrant Dink, mais la prochaine audience sera ouverte à la presse
Organisation :
Le 28 avril 2008, la cinquième audience du procès des assassins présumés du journaliste d'origine arménienne Hrant Dink s'est déroulée devant la 14e Chambre de la cour d'assises d‘Istanbul.
Depuis quinze mois, dix-neuf accusés dont huit incarcérés juste après l'assassinat, le 19 janvier 2007, comparaissent régulièrement, dans le cadre de leur procès.
Le 28 avril, le tribunal n'a pas pu, faute d'avocat, interroger Coskun Igci, informateur des forces de l'ordre de Trabzon. Il avait déclaré avoir prévenu la gendarmerie que Yasin Hayal, l'un des organisateurs de l'assassinat, planifiait de tuer Hrant Dink. Sa déposition devant le tribunal de Trabzon avait poussé les deux gendarmes à qui il avait transmis l'information à accuser leurs supérieurs.
Le tribunal d'Istanbul lui fournira pour le 7 juillet, date de la prochaine audience, un avocat commis d'office. Comme le tireur, Ogün Samast, aura atteint la majorité le 28 juin prochain, la presse pourra désormais assister au procès.
L'un des accusés, remis en liberté le 2 juillet 2007, Irfan Özkan, a fourni un témoignage accablant. Il confirme avoir entendu de Ümit Öksüz, un jeune de Trabzon et ami du tireur Ogün Samast, dire qu'"un groupe en provenance d'Istanbul avait organisé à Trabzon avant l'assassinat (de Hrant Dink) une importante réunion où la question de savoir qui allait tuer le journaliste a été posée. Lorsque Ogün Samast s'est avancé pour dire «Moi, je le ferai», tout le monde l'a applaudi". Mais il a refusé de répondre aux questions de l'un des avocats de la famille Dink sur les participants à cette réunion, préférant qu'Ümit Öksüz lui-même y réponde.
Les avocats de la famille Dink ont formulé plusieurs requêtes au tribunal.
Celui-ci a accédé à leur volonté de demander aux parquets d'Istanbul et de Trabzon un état des lieux des enquêtes en cours contre les responsables de la police d'Istanbul, dont Celalettin Cerrah, chef de la police, son chef de la section de renseignement, les fonctionnaires liés à ces derniers, mais aussi contre les gendarmes de la ville de Trabzon d'où la plupart des accusés sont originaires.
La partie civile souhaite également pouvoir accéder aux documents officiels permettant de connaître les liens que l'un des principaux accusés, Yasin Hayal, avait pu développer lors de son précédent emprisonnement en octobre 2004, à la suite de l'attentat qu'il avait perpétré contre un restaurant Mc Donalds de Trabzon. Pour cela, elle réclame que lui soient transmis les codes d'accès de l'ordinateur de l'établissement pénitentiaire où sont notées les visites reçues par les détenus. L'administration de la prison où Yasin Hayal était incarcéré n'a pas encore répondu.
Enfin, les avocats de la famille Dink ont porté plainte contre l'avocat de Yasin Hayal, Fuat Turgut, pour " incitation à la haine " (article 216, alinéa 2 du code pénal), en raison de ses insultes, proférées lors de l'audience et devant des journalistes, visant le romancier Orhan Pamuk et les Arméniens.
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Updated on
20.01.2016