Le 27 novembre 2008 un tribunal spécial réuni dans la prison d'Insein a condamné le comédien et blogueur Zarganar et le journaliste Zaw Thet Htwe à des peines complémentaires de quatorze et quatre ans de prison pour "offenses". "Cette vague de procès iniques est une nouvelle infamie perpétrée par une junte militaire qui veut détruire toute velléité de contestation avant d'hypothétiques élections en 2010", ont affirmé Reporters sans frontières et la Burma Media Association.
Reporters sans frontières et la Burma Media Association dénoncent les peines supplémentaires imposées le 27 novembre 2008 par un tribunal spécial réuni dans la prison d'Insein au comédien et blogueur Zarganar et au journaliste Zaw Thet Htwe. Le premier a été condamné à une peine complémentaire de quatorze ans de prison pour "offenses", et le second à une peine de quatre ans pour les mêmes chefs d'inculpation.
"Avec ces peines supplémentaires, la junte cherche incontestablement a anéantir physiquement et moralement ses opposants potentiels. Il est impensable que des personnes se voient infliger des peines de prison aussi lourdes pour avoir aidé des victimes d'une catastrophe naturelle et témoigné de leurs souffrances", ont déclaré les deux organisations.
Thant Zin Aung, un vidéo journaliste résidant en Thaïlande, qui avait accompagné Zaw Thet Htwe et Zarganar lorsqu'ils ont acheminé de l'aide aux victimes du cyclone Nargis, a été condamné à une peine complémentaire de trois ans pour "transgression". Il avait déjà été comdamné à quinze ans de prison au cours du même procès que Zarganar et Zaw Thet Htwe. Thant Zin Aung avait été arrêté à l'aéroport alors qu'il tentait de se rendre en Thaïlande avec une vidéo montrant des images du désastre dans le delta de l'Irrawaddy.
Le 21 novembre 2008, la cour spéciale avait condamné le célèbre comédien et blogueur Zarganar à 45 ans de prison et le journaliste sportif Zaw Thet Htwe à 15 ans de prison.
_____________________________________________________________
21.11.2008
Les procès d'Insein : "Une insulte à l'Etat de droit et à la communauté internationale
Reporters sans frontières et la Burma Media Association dénoncent avec la plus grande force les procès qui se tiennent actuellement au sein de la prison d'Insein. Le 21 novembre 2008, la cour spéciale a condamné le célèbre comédien et blogueur Zarganar à 45 ans de prison et le journaliste sportif Zaw Thet Htwe à 15 ans de prison. Ils pourraient être condamnés, dans les prochains jours, à des peines supplémentaires, sur la base d'autres accusations. Comme le blogueur Nay Phone Latt et le poète Saw Wai, ils risquent d'être transférés dans des prisons insalubres et isolées.
"Cette vague de procès iniques est une nouvelle infamie perpétrée par une junte militaire qui veut détruire toute velléité de contestation avant d'hypothétiques élections en 2010. Plusieurs centaines d'années de prison ont été distribuées en l'espace de deux semaines à des journalistes, des poètes, des blogueurs, des moines, des comédiens, des chanteurs, des avocats, des dirigeants des minorités ethniques, des syndicalistes et de simples militants politiques. Tout ce que la Birmanie compte de forces vives est réduit au silence par une parodie de justice. Ces procès sont une honte pour la communauté internationale, notamment la Chine et l'ASEAN, qui n'ont rien fait pour les empêcher", ont affirmé les deux organisations.
Reporters sans frontières et la Burma Media Association demandent à l'Union européenne et aux Nations unies de prendre des sanctions ciblées contre le général Maung Oo, ministre des Affaires intérieures, qui, à travers la Branche spéciale (Special Branch) de la police, a orchestré ces procès. Les deux organisations demandent également à l'Union européenne d'inclure dans la liste des officiels birmans visés par les sanctions politiques le responsable du système judiciaire, U Aung Toe, ainsi que les magistrats Daw Aye Myaing, U Thaung Nyunt, Daw Soe Nyan, Daw Than Than, Daw Nyunt Win et U Tin Htut, qui ont participé à ces procès. Le Burma Lawyers' Council et le Global Justice Center les ont désigné comme les principaux responsables de ces procès.
Le 21 novembre 2008, une cour spéciale réunie au sein de la prison d'Insein a condamné Zarganar à 45 ans de prison en vertu de l'Electronic Law. Le journaliste sportif Zaw Thet Htwe a pour sa part été condamné à 15 ans de prison, notamment pour avoir pris des photos lors du référendum de mai dernier. L'un des élèves de Zarganar, Tin Maung Aye, a été condamné à 29 ans de prison.
Le même jour, le moine Ashin Gambira a été condamné à douze ans de prison pour avoir aidé des manifestants, l'année précédente. Il avait déjà été condamné à 56 ans de détention pour d'autres charges.
Les procès qui se tiennent actuellement dans la prison d'Insein sont contraires aux standards internationaux et, le plus souvent, à la propre loi birmane : les familles et les avocats sont rarement avertis de la tenue des audiences, les témoins ne sont pas autorisés pour la défense, des avocats ont été condamnés à des peines de prison pour avoir émis des remarques sur ces tribunaux spéciaux. Et la police et les juges n'ont pas respecté le code de procédure pénal, s'agissant des délais de détention.
Dans ce contexte, nous soutenons l'appel lancé par U Win Tin, le célèbre journaliste et responsable de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), à Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies, de ne pas se rendre en Birmanie comme il l'avait prévu.
Zarganar a été arrêté le 4 juin après avoir témoigné auprès de médias étrangers, notamment la BBC World Service, des lenteurs des secours organisés par les autorités militaires, après le passage du cyclone Nargis. Sur son blog, Zarganar a, pendant les événements de septembre 2007 et le cyclone de mai 2008, rendu compte de la mobilisation des moines. Surnommé le "Chaplin birman", il est connu pour sa liberté de ton.
Le 13 juin, des agents de la police militaire ont arrêté Zaw Thet Htwe, ancien rédacteur en chef de la revue sportive First Eleven Journal. Le 15 juin, la police a perquisitionné son domicile de Rangoon et saisi le téléphone portable, l'ordinateur et des documents du journaliste.
Zaw Thet Htwe et le blogueur Zarganar ont acheminé de l'aide aux victimes du cyclone.